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Etat chronique de poésie 1128

Publié le 11 février 2011 par Xavierlaine081

1128 

Et je vous attend. 

Savez-vous comme le jour serait beau, si, au lieu d’être là, à vous attendre pour un travail dont vous vous foutez éperdument, j’étais assis, chez moi, devant ma cheminée, avec un bon feu ronflant, le même thé fumant dans une tasse, à laisser mes sens en éveil suivre les flammes dans leur danse infernale, et mon esprit errer et se désaltérer de cette douce torpeur ? 

Non. 

Vous ne savez pas. 

Ou, 

Si vous saviez, 

L’heure serait encore plus grave. 

On pourrait vous accuser de préméditation. 

Vous disposez ainsi du sort des autres. 

Vous clamez à corps et à cri que la société vous méprise. 

Vous ne voyez pas celui où vous vous tenez. 

Vous ne sentez pas. 

Vous affirmez. 

Vous appelez un changement du dehors, sans rien revoir du dedans qui s’effrite. 

Vous appelez à replâtrer des murs, sans jamais en boucher les fissures, ces failles de plus en plus profondes qui courent tout au long d’un système, mais s’enracinent profondément en nous-mêmes. 

Vous vous permettez même de jeter un regard caustique et critique sur ceux qui ont la naïveté de croire encore en ces soubresauts de colère qu’on nomme manifestations. 

Ceux-là peuvent se tromper de cible, d’idéal, d’objectif. Ils ont au moins le mérite de ne pas rester sur leur chaise à ronchonner, et oublier les rendez-vous pris de longue date. 

Ils ont au moins ceci qui les rend humains qui est de croire en la possibilité d’agir, sans attendre que rien ne leur vienne tout rôti. 

Le vôtre, de rôti, est copieusement ficelé, tellement, même, qu’il en est immangeable, avec plus de ficelle que de viande… et trop cuit d’avoir tant mijoté dans le jus des vieilles rancœurs. 

Je vous attend et vous ne viendrez pas. 

Douze fois ainsi, sans que vous ayez même le souci de savoir si, par hasard, je devrais être payé pour mon attente, pour ce temps perdu que je rattrape comme je peux, en me vengeant sur des lignes inutiles. 

Non, l’autre est le dernier de vos soucis. Vous envisagez une révolution immobile qui ne changera sans doute rien car tellement autocentrée sur vos petites turpitudes. 

Vous arrivez, essoufflée et hagarde, l’excuse au bord des lèvres, sans un pleur pour mon temps, irrémédiablement perdu, tué à écrire, dernier émonctoire avant de larguer les amarres. 

Manosque, 7 janvier 2011

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