Ca pourrait peut-être devenir une nouvelle rubrique. Je l'appellerais Mes belles lectures. Elle serait consacrée, de temps en temps, à vous dire le bien que je pense des magazines ou revues qu'après un achat compulsif (je suis un acheteur compulsif de publications qui me séduisent par leur thème, un titre, leur esthétique, un article de promo lu dans un autre magazine, la photo de couverture, toute autre raison qui me plait dans l'instant) ou raisonné (parfois, je sais pourquoi je veux ce magazine, cette revue ou ce journal, parfois même je m'abonne), je lis, parcours, ou laisse dans le tas sur la table basse du salon parce que ça fait bien, s'il vient des visiteurs, ou que je cache soigneusement, s'il venait des enfants (les jeunes enfants aiment déchirer ce qui est en papier et qu'ils ne savent pas respecter).
J'éprouve régulièrement le besoin d'acheter des objets imprimés, livres ou autres, que je ne lis pas toujours (revues ou magazines), ou pas tout de suite (livres). Je peux mettre 10 € dans une publication singulièrement séduisante lorsque je la découvre en kiosque ou ailleurs, la feuilleter plus ou moins une fois, puis l'oublier dans un coin ou, pire, dans une bibliothèque où elle vivra sa vie de prisonnière, comme une poule élevée en batterie, parmi ses semblables condamnées au silence par la promiscuité.
En ce moment, parmi les tas d'Inrocks, de Cahiers du cinéma, de Télérama, de Figaro, de Notre Temps, on peut trouver chez moi ou dans mes sacs, ou sur un tas de dossiers oubliés, au bureau, quatre publications qui m'ont donné l'envie de vous les présenter rapidement.
Je propose à ceux qui le souhaitent de se promener entre ces publications en musique. J'écoute de plus en plus Field Commander, cet album en public de Leonard Cohen. Cete chanson qui se demande Where is my gipsy wife tonight est entrée en moi il y a quelques mois. La voici.
Lisez-vous Vibrations de temps en temps ? Moi oui, c'est un magazine musical sans frontière, gentiment underground, qui aborde toutes les bonnes musiques (World, jazz, rock et beaucop d'etc.s). Vibrations publie régulièrement des numéros spéciaux dits "Collectors" et celui consacré à David Bowie est une merveille. D'abord iconographique : un centaine de photos de toutes les époques (donc de tous les personnages) Bowie, dont certaines très rares.Très complet et ordonné selon une thématique claire, ce bel objet permet de faire un tour rapide de la carrière et de la vie du plus artistes des rockstars, du plus ambigü, riche, créatif, transcourant de ces personnages qui ont traversé le temps, au sein d'une génération très arty (de Lou Reed, l'inspirateur et ami américain à Neil Young, le canadien qui a tout apporté au grunge, jusqu'à l'art de porter des chemises à carreux, sans oublier l'étonnant Iggy Pop, autre proche à la déglingue distinguée).
On y découvrira ou retrouvera les métamorphoses du rocker transformiste, l'Homme qui aimait les Femmes, la "Trilogie sacrée" enregistrée en Allemagne, l'homme de théâtre, de cinéma, de communication et un grand entretien.
Le Monde, journal pédago, publie régulièrement une sorte de Télé 7 Jeux à lui, mais comme c'est Le Monde, c'est vachement plus travaillé. et intéressant, bien que pédago. La série s'appelle "Connaissez-vous ?". Après Connaissez vous la France, la politique, les grands écrivains, les philosophes, voici Connaissez-vous le cinéma ? Bien entendu, je me suis laissé tenté, en râlant à l'avance parce que ces trucs pédagos, sous couverts d'être ludiques, en général ça m'emm... Et ça n'a pas manqué. Mais ça reste amusant et, finalement, on connait si mal le cinéma, que ça ne peut pas être négatif d'aller regarder, en fin de volume, les réponses commentées et les questions remises dans leur contexte.
Une division de l'ouvrage en thématiques plutôt claires (pédagos, je sais, je me répète, mais je suis chez moi, je fais ce que je veux) permet d'aborder l'art et l'industrie cinématographiques en gardant le sourire, loin, on l'imagine, des histoires de douaniers belges et pose des questions vieilles comme le ciné, mais toujours pertinentes : Le cinéma : une usine à rêves ? ou Le cinéma est-il un art ?
Malgré les réserves que ne peut manquer de susciter ce genre de publication, les quizz et jeux proposés permettront dans les jours qui viennent de bronzer sans devenir plus idiot qu'en temps de blafardise.
Le hors-série "Sexe et BD" de Beaux Arts est réjouissant (j'allais écrire jouissif). En premier lieu, c'est peu dire que le sexe et la bande dessinée ont toujours constitué un couple harmonieux. La BD se prête à tous les fantasmes et peut tout représenter, tout se permettre.
Des fresques de Pompeï aux mangas hentaï, ce hors série offre un vaste panorama du cul en bulles qui n'oublie ni Manara, ni Crepax, ni Bilal, ni Crumb, ni Wallace Wood, ni John Willie, mais s'autorise des détours par Reiser (4 pages à [re]découvrir), Egon Schiele ou Rembrandt.
Architecturé autour de trois grands thèmes (Les maîtres de l'érotisme, Le sexe pour rire, Le tabou dans la BD) ce numéro offre du IX° art une vision visuellement riche, mais très festive.
En ces temps moralement régressifs, le Hors-série est prudemment vendu en kiosque sous emballage fermé et avec la mention "pour public averti". Dont acte.
Cette revue chic, plurielle, raffinée, atypique, fête son premier anniversaire avec un numéro 4 plus fourni que les précédents (près de 150 pages), toujours aussi luxueux, luxuriant et, cela va sans dire, luxurieux. Edwarda , que je vous avais présenté une première fois en mai 2010, est le parfait point de rencontre entre la littérature, l'art, en particulier photographique et l'érotisme.
Convoquant toujours des artistes et écrivains d'aujourd'hui ou du passé, selon la formule désinvolte qui parcourt les pages de ce très beau trimestriel, la dernière livraison ouvre ses alcôves à Philippe Azoury, critique ciné à Libération, Bertrand Bonello et Jean-Paul Civeyrac, cinéastes, Auguste de Villiers de l'Isle Adam et Marcel Proust, écrivains, ou encore Jean-Jacques Schuhl, ainsi qu'à quelques photographes talentueux (dont Sam Guelimi, Giasco Bertoli, Sophie L. et Vincent Louis Joseph) et à Michel Surya, biographe de... Georges Bataille.
"Edwarda est une revue indépendante qui n'obéit qu'à son caprice" (Sam Guelimi, la directrice de publication, 26 ans).
Le site de la revue, comportant la liste des endroits d'excellence où l'acquérir (pour 16 € depuis le n° 2, 10 € pour le n° 1).