La lutte contre la grippe A a coûté 700 millions d’euros

Publié le 10 février 2011 par Lyriciste

Un rapport de la Cour des comptes revoit à la hausse le coût estimé de la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1). Il épingle également les conditions de négociation pour l’achat de vaccins.

La gestion de l’épidémie de grippe A ne finit pas de faire parler d’elle. Un rapport de la Cour des comptes rendu au Sénat et présenté le 1er février dernier revoit à la hausse le coût de la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1). Les Sages estiment en effet qu’elle a coûté entre 680 et 760 millions d’euros, soit au moins 140 millions de plus que la dernière estimation de la Direction Générale de la Santé (DGS). Le gouvernement avait toutefois déjà avancé un montant proche en mars 2010, à 670 millions d’euros.

Selon la Cour des comptes, l’achat de vaccins a coûté 383 millions d’euros (contre 296 millions d’euros selon la DGS) et la campagne de vaccination entre 220 et 291 millions d’euros (contre 217 millions estimés par la DGS). Le montant des autres dépenses de prévention calculé par la Cour des comptes (82 millions d’euros) est également plus de deux fois supérieur à celui trouvé par la DGS.

Pourquoi de telles différences ? Contrairement à la DGS, la Cour des comptes inclut dans son calcul les vaccins donnés à l’Oragnaisation mondiale de la santé (OMS) à savoir 87 millions d’euros et les achats de masques destinés aux agents de l’administration (39 millions d’euros). Elle retient également un coût plus élevé pour l’indemnisation des personnels de santé, mais qui reste une estimation provisoire.

Négociations dans l’urgence

Le rapport souligne par ailleurs que la commande de millions de doses de vaccin s’est opérée dans l’urgence, avant même «la définition d’une stratégie vaccinale» et alors que des «incertitudes sur la pandémie, jointes aux estimations pessimistes, ont conduit, en France comme ailleurs, à privilégierle scénario du pire». Dans ces conditions, les laboratoires pharmaceutiques se sont trouvés en position de force au détriment de l’État. Celui-ci «a cédé sur la contrainte de prix, sur le fait d’effectuer une commande ferme et non par tranches conditionnelles ainsi que sur le conditionnement des vaccins en monodoses et non en multidoses, exigence qui n’a d’ailleurs pas été explicitement formulée».

Le calendrier de la stratégie vaccinale apparaît enfin «difficilement compréhensible», selon la Cour des comptes. Les pouvoirs publics ont en effet poursuivi la stratégie de vaccination pendant l’été 2009, «sans prendre en compte ni le tableau d’ensemble rassurant de l’épidémie australe, ni le retournement d’opinion qui s’était opéré en fin d’été».

Des coûts supplémentaires, donc, pour un résultat peu probant: seulement 5 millions de Français ont été vaccinés, soit 8,5% de la population, contre plus de 50% en Suède, aux Pays-Bas ou au Canada.

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