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Les fables de Jean de La Fontaine/Les fables de Starewitch

Par Lagrandestef

LE LIVRE

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Les Fables
de Jean de la Fontaine
Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (ou plus simplement Les Fables) est une œuvre de Jean de La Fontaine écrite entre 1668 et 1678. Il s’agit d’un recueil de 243 fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin.

Je ne développerai pas ici  mais voici les 5 fables sur lesquelles se base le film d'animation


- Le rat de ville et le rat des champs,
-Les grenouilles qui demandent un roi,
-La cigale et la fourmi ,
-Le lion et le moucheron
- Le lion devenu vieux


Le rat de ville et le rat des champs

Autrefois le Rat de ville

Invita le Rat des champs,
D'une façon fort civile,
A des reliefs d'Ortolans.
Sur un Tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.
Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin ;
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.
A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit :
Le Rat de ville détale ;
Son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt ;
Et le citadin de dire :
Achevons tout notre rôt.
- C'est assez, dit le rustique ;
Demain vous viendrez chez moi :
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi ;
Mais rien ne vient m'interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre.

   Les grenouilles qui demandent un roi

Les Grenouilles, se lassant

De l’état démocratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.
Il leur tomba du Ciel un Roi tout pacifique :
Ce Roi fit toutefois un tel bruit en tombant
Que la Gent marécageuse,
Gent fort sotte et fort peureuse,
S’alla cacher sous les eaux,
Dans les joncs, dans les roseaux,
Dans les trous du Marécage,
Sans oser de longtemps regarder au visage
Celui qu’elles croyaient être un géant nouveau :
Or c’était un soliveau,
De qui la gravité fit peur à la première
Qui de le voir s’aventurant
Osa bien quitter sa tanière.
Elle approcha, mais en tremblant :
Une autre la suivit, une autre en fit autant,
Il en vint une fourmilière ;
Et leur troupe à la fin se rendit familière,
Jusqu’à sauter sur l’épaule du Roi.
Le bon Sire le souffre, et se tient toujours coi.
Jupin en a bientôt la cervelle rompue :
« Donnez-nous, dit ce peuple, un Roi qui se remue. »
Le Monarque des Dieux leur envoie une Grue,
Qui les croque, qui les tue,
Qui les gobe à son plaisir,
Et Grenouilles de se plaindre ;
Et Jupin de leur dire : « Eh quoi ! votre désir
À ses lois croit-il nous astreindre ?
Vous avez dû premièrement
Garder votre Gouvernement ;
Mais, ne l’ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier Roi fût débonnaire et doux :
De celui-ci contentez-vous,
De peur d’en rencontrer un pire. »

La cigale et la fourmi

 

La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
"Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'Oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. "
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.

  Le lion et le moucheron

"Va-t'en, chétif insecte, excrément de la terre! "
C'est en ces mots que le Lion
Parlait un jour au Moucheron.
L'autre lui déclara la guerre.
"Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de Roi
Me fasse peur ni me soucie ?
Un boeuf est plus puissant que toi :
Je le mène à ma fantaisie. "
A peine il achevait ces mots
Que lui-même il sonna la charge,
Fut le Trompette et le Héros.
Dans l'abord il se met au large ;
Puis prend son temps, fond sur le cou
Du Lion, qu'il rend presque fou.
Le quadrupède écume, et son oeil étincelle ;
Il rugit ; on se cache, on tremble à l'environ ;
Et cette alarme universelle
Est l'ouvrage d'un Moucheron.
Un avorton de Mouche en cent lieux le harcelle :
Tantôt pique l'échine, et tantôt le museau,
Tantôt entre au fond du naseau.
La rage alors se trouve à son faîte montée.
L'invisible ennemi triomphe, et rit de voir
Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée
Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir.
Le malheureux Lion se déchire lui-même,
Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs,
Bat l'air, qui n'en peut mais ; et sa fureur extrême
Le fatigue, l'abat : le voilà sur les dents.
L'insecte du combat se retire avec gloire :
Comme il sonna la charge, il sonne la victoire,
Va partout l'annoncer, et rencontre en chemin
L'embuscade d'une araignée ;
Il y rencontre aussi sa fin.
Quelle chose par là nous peut être enseignée ?
J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis
Les plus à craindre sont souvent les plus petits ;
L'autre, qu'aux grands périls tel a pu se soustraire,
Qui périt pour la moindre affaire.

Le lion devenu vieux
  Le Lion, terreur des forêts,
Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse,
Fut enfin attaqué par ses propres sujets,
Devenus forts par sa faiblesse.
Le Cheval s'approchant lui donne un coup de pied ;
Le Loup un coup de dent, le Boeuf un coup de corne.
Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne,
Peut a peine rugir, par l'âge estropié.
Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes ;
Quand voyant l'Ane même à son antre accourir :
"Ah ! c'est trop, lui dit-il ; je voulais bien mourir ;
Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes. "

LE FILM


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Les fables de Starewitch
Date de sortie cinéma :  9 février 2011
Réalisé par Ladislas Starewitch
Avec Léona-Béatrice Martin-Starewitch, plus
Long-métrage français . Genre : Animation
Durée : 01h10min Année de production : 2010
Distributeur : Les Acacias
Synopsis : Les Fables de Starewitch d'après La Fontaine est un programme constitué de cinq films réalisés par Ladislas Starewitch entre 1922 et 1932.
Cinq fables où l’on retrouve la fantaisie, l’humour, l’espièglerie et la tendresse de ce pionnier du cinéma d’animation, ainsi que ses différentes influences : La Fontaine, le Moyen âge, les contes…
Les fables de Ladislas Starewitch se compose de cinq courts métrages d'animation, tous réalisés par le cinéaste russe : Le rat de ville et le rat des champs (1926), Les grenouilles qui demandent un roi (1922), La cigale et la fourmi (1927), Le lion et le moucheron (1932) et Le lion devenu vieux (id.). La compilation se termine avec un court documentaire ("Comment naît et s'anime une ciné-marionnette"), qui revient sur le processus de création de ces cinq courts métrages avec Ladislas Starewitch lui-même et sa fille Irène.
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Ladislas Starewitch avait déjà l'idée de regrouper plusieurs de ses courts métrages sur grand écran au début des années 1960. Ce projet s'est concrétisé en 2003 avec la sortie des Contes de l'horloge magique, avant d'être renouvelé en 2011 avec Les Fables de Ladislas Starewitch.
Bénéficiant d'une restauration complète, sans perdre pour autant leur forme d'origine, les cinq courts métrages qui composent le film ont hérité d'un nettoyage sonore, et pour certains d'une nouvelle bande son incluant une voix off, dans le but de recréer les conditions de projection des années 1920. Ces modifications font des Fables de Ladislas Starewitch le premier film à associer des matériels couleur et muets des années 1920 à des matériels noir et blanc sonores de 1932 avec un son Dolby SRD de 2010.
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Le compositeur Jacques Cambra a associé la musique des courts métrages originaux composée en 1932 par Hartmann et Devaux, et la sienne composée en 2010, accompagnant les trois films muets. D'autre part, la voix off qui a été ajoutée est celle de Léona-Béatrice Martin-Starewitch (petite-fille de Ladislas Starewitch). Cette dernière a assisté le réalisateur lors de ses derniers tournages et a depuis grandement contribué à mieux faire connaitre son œuvre.
Réalisateur des cinq courts métrages qui composent le film, le cinéaste russe Ladislas Starewitch (1882-1965) est aujourd'hui considéré comme l'un pionnier en matière d'animation à l'échelle mondiale. Ses films, mettant en scène des marionnettes, reprennent souvent des histoires de la littérature pour enfants telles que les Fables de La Fontaine ou encore le Roman de Renart.
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Véritable précurseur du cinéma d'animation, Ladislas Starewitch a été une source d'influence pour de nombreux cinéastes. Le plus récent exemple est probablement Fantastic Mr. Fox, réalisé en 2009 par Wes Anderson. Ce dernier a en effet confié s'être inspiré du Roman de Renart de Starewitch (1929). "Wes était très inspiré par l'aspect un peu brut et très original des marionnettes de ce film. Elles sont à la fois étranges et très réalistes, et nous avons voulu retrouver la même sensation avec nos personnages," explique Nelson Lowry, chef décorateur de Fantastic Mr. Fox. Des réalisateurs tels que Tim Burton, Terry Gilliam et Ray Harryhausen ont également rendu hommage à Ladislas Starewitch.
Plus qu'un réalisateur d'avant-garde, Ladislas Starewitch était également animateur, éclairagiste, metteur en scène et parfois scénariste
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Ladislas Starewitch a tourné son premier film, "La cigale et la fourmi", en utilisant des scarabées naturalisés, et dans le but d'illustrer la vie des insectes au Musée ethnographique de Kovno en Lituanie. Le succès fut au rendez-vous et le court métrage devint le premier film projeté à la cour du tsar Nicolas II.
A l'instar de celles de La Fontaine, certaines des fables de Ladislas Starewitch présentent une dimension politique. En effet, "Le Rat de ville et le rat des champs" peut être considéré comme une métaphore de l'immigration tandis que "Les Grenouilles qui demandent un roi" s'inspire du régime tsariste ainsi que de la révolution bolchévique, vécus par Starewitch.
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"Le Lion et le moucheron" et "Le Lion devenu vieux" ont été réalisés en 1932 par Ladislas Starewitch suite aux soucis techniques et juridiques rencontrés par ce dernier sur son premier long métrage : Le Roman de Renart. En attendant de pouvoir reprendre son projet, le cinéaste a ainsi réutilisé les marionnettes qui devaient y figurer pour tourner ses courts métrages.
Difficultés
Comparée à l'œuvre de Walt Disney au début des années 1930, celle de Ladislas Starewitch n'a malheureusement pas connu le même succès. Et pour cause, de nombreux problèmes de sonorisation et de production ont nui à la carrière du réalisateur, pourtant si bien engagée. Ces difficultés n'ont cependant pas empêché Starewitch de passer à la postérité et d'influencer bon nombre de cinéastes.

(source Allociné)



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