Troisième album pour Cut Copy. Les Australiens parviennent à assurer la succession du très respecté In Ghost Colours avec un son plus complexe, moins dansant et davantage (si cela était encore possible) tourné vers les années 80. Le parti pris de la sécurité pour un disque plutôt réussi.
On pourrait frôler l’indigestion. Le nombre d’artistes s’inspirant plus ou moins directement de la house et de la new wave des années 1980 se multiplient depuis quelques années. Certains, à l’image de Hercules and Love Affair dans leur dernier opus, vont même jusqu’à rechercher le son dans la plus pure tradition de l’époque sans chercher à y ajouter quelque élément de modernité.
Cut Copy n’est pas de ceux-là. On savait les Australiens fascinés par leurs ancêtres du siècle dernier, mais on les a aussi connus assez intelligents pour apporter leur touche novatrice à cette nostalgie. Leur musique est un peu comme ces immeubles rococo de cartes postales américaines : on les trouve peu vieillots mais ils continuent de dégager une forme de modernité, un aspect futuriste séduisant.
L’inquiétude est donc bien présente lorsque débute le premier titre de la nouvelle galette des rois de chez Modular. On plane sur le reverb des synthés bercés par la voix de Dan Whitford, qui ressemble étrangement à celle de Dave Gahan, le chanteur de Depeche Mode. Sauf que des petits éléments ressortent ici et là comme les chœurs, « wouhou » plein d’entrain caractéristiques du quatuor. Le titre préfigure assez bien le numéro d’équilibriste auquel Cut Copy se prête tout au long de l’album : le groupe concilie – un peu – d’expérimentation électro avec – beaucoup – de sonorités vintage.
Car chaque fois que l’on manque de sombrer dans les airs un peu chiants et ringards, il y a ce truc en plus. Sur Blink and You’ll Miss a Revolution, par exemple, les premières secondes laissent penser l’espace d’un instant à un nouveau Drop The Bomb taillé pour secouer les foules. Mais on s’enfonce très vite dans un titre un poil racoleur fait de nappes décoratives et de claviers à contretemps. Jusqu’à ce que débarque le refrain, entraînant à souhait et auquel des petites formations naissantes comme Tim & Jean s’identifieraient volontiers.
Ce nouvel opus souffre bien de quelques passages à vide, symbolisés par des titres plats comme Take Me Over. Mais il est aussi fait de jolies surprises comme les plus rock This Is All We Got et Where I’m Going (sorti en tant que single) ou encore Hanging Onto Every Heartbeat, petite ballade rose bonbon sans prétention. Il y a surtout l’épique Sun God et son pont spectaculaire à base de synthés cotonneux à la Jean-Michel Jarre (ci-dessous). A lui seul ce titre vaut que l’on s’attarde sur l’album.
Zonoscope n’est sûrement pas au niveau de son prédécesseur, mais ça on s’y attendait. Le condamner au placard pour cette seule raison n’aurait donc pas de sens.
Ce disque est plutôt à apprécier à sa juste valeur : la preuve tangible que Cut Copy n’est pas un feu de paille hype mais fait partie des groupes qui, lentement, façonnent la bande-son d’une génération.
Cut Copy – Zonoscope
Label : Modular Records
Date de sortie en France : 8 février 2011