TROP LOIN POUR TOI (Going the distance) de Nanette Burstein (2010)

Drew Barrymore. On la sait rebelle et peu conventionnelle. On la sait aussi, après son sympathique (quoique limité) Bliss, un peu fleur bleue sur les bords. Trop loin pour toi, qui suit la relation amoureuse (et à distance) entre Erin et Garrett (Justin Long) est à son image : osé et romantique, moderne et rétro. Pour un premier film, Nanette Burstein s’en sort plutôt bien : quota sympathique élevé et amour pour le genre en bandoulière, elle s’amuse à accumuler les codes de la bluette pour mieux les balayer d’un revers de main. Oui, les personnages s’aiment, mais s’amusent de tout gnangnan ; et ils ont bien compris l’essentiel : leurs carrières professionnelles et leur épanouissement respectif sont plus importants que le reste. Dans ce mélange ludique de problématiques contemporaines (les relations longue distance, l’importance donnée à son travail) et de clins d’œil nostalgiques (époque Dirty Dancing et Top Gun), la cinéaste évite tout débordement lacrymal sans pour autant sacrifier sa candeur. Entre San Francisco et New York, à l’instar de ses protagonistes, son film saisit avec justesse certains questionnements inhérents à ce type de relations : comment continuer à attiser le désir à des milliers de kilomètres ? Comment s’aimer si l’on ne regarde pas dans la même direction ? Pourquoi est-il important de se réaliser soi, avant de se proclamer couple ? Trop loin pour toi étreint de belles pistes de réflexions, tout en demeurant léger et insouciant, joli et plein de rythme, jamais trop ingénu, jamais trop blasé. Un équilibre séduisant (à la manière du dernier Zwick) qui prouve, en ces temps de mollesse romantique d’un côté (Le Plan B, Donne moi ta main), cynisme peu reluisant de l’autre (Last Night, L’abominable vérité), qu’il est encore possible de s’imposer sur le marché du genre, avec une tête pensante et un cœur qui bat.