Préambule obligatoire : Je suis fils et petit fils d'enseignants, j’enseigne moi-même trois matières à l’école d’ingénieurs de Tarbes. Je pense que les enseignants ont toutes les raisons du monde d’être mécontents. Je dis ça sans équivoque et sans complaisance. Quand on aime ce métier, on comprend qu'avec ces nouvelles suppréssions de postes, il y a de quoi être en colère, plutôt deux fois qu’une. Mais ce n’est pas le sujet de ce billet.
Pourquoi est ce que cette grève ne va pas avoir une grosse couverture médiatique ? Pas égale à celle des magistrats par exemple ? Parceque l’on ne compte plus les grèves de l’éducation nationale. Trop de grève tue la grève ! C’est aussi simple que ça. Si vous avez organisé 14 journées de grève en 3 ans, à la 15 ème journée de grève vous avez du mal à attirer l’attention, de l’Etat, de la hiérarchie, et des parents.
Les Français se sont battus pour pouvoir s’exprimer dans le monde du travail, des gens sont morts pour le droit de grève. Alors la grève doit rester quelque chose d’important, de sacré. Je vais m’attirer les foudres de tous mes copains de gauche, mais tant pis ! J’ai l’impression que dans les transports en commun et dans l’éducation nationale on a adopté la culture de la grève systèmatique qui détruit petit à petit la vraie valeur d’un mouvement de grève. J’ai l’impression que dans l’éducation nationale en particulier il y a des professionnels de la grève qui organisent des grèves pour « se compter » et qui préparent déjà la prochaine grève. (voir méthode ici)
C’est un sujet qui me tient à cœur, car mon souhait le plus cher serait de voir le métier d’enseignant revalorisé (les salaires aussi). Le travail d’un enseignant n’est pas apprécié à sa juste valeur, les préparations, les heures face à une classe, le stress, générer un minimum de curiosité chez l’élève, gérer les parents etc… c’est beaucoup plus dur que ce que les gens pensent. Pourtant l’avenir de notre pays passe avant tout, AVANT TOUT, par un système éducatif de qualité. Un système et des enseignants que nous devons défendre et soutenir fièrement. Cependant, le sujet de la grève me dérange. Je devrais dire c’est justement pour toutes ces raisons que le sujet de la grève me dérange. Les grèves se multiplient et la situation se dégrade !
A force d’en discuter avec des copains profs ou instits, j’ai développé ma propre définition de ce qu’est une grève inutile ou frivole. Pour moi c’est simple, je ne suis pas en mesure de décider si la grève est légitime ou non. Le seul critère de décision devrait être celui de l’enseignant qui fait grève. Si l’enseignant se souvient POURQUOI ? il / elle faisait grève il y a un an, alors la grève était légitime. Si l’enseignant ne se souvient pas de la raison exacte de la grève quelques mois plus tard, il s’agissait d’une grève futile.
Ces 3 dernières années il y a eu 15 journées de grève dans l’éducation nationale. Combien d’enseignants grévistes se souviennent pourquoi ils étaient en grève le 15 avril 2008?, le 15 mai 2008?, le 17 juin 2008?, le 20 novembre 2008?, le 29 janvier 2009?, le 26 mai 2009 ?, le 24 novembre 2009? , le 21 janvier 2010?, le 12 mars 2010, le 27 mai 2010?, le 24 juin 2010, les 6 et 7 septembre 2010?, le 19 octobre 2010?, aujourd'hui?
Pour moi la décision est très simple, quand l’enseignant se demande : « Est-ce que dans un an je vais me souvenir pourquoi le 10 février 2011 j’étais en grève ? ». Si la réponse est OUI, alors je n’ai rien à dire, ce n’est pas à moi de juger la décision de grève. Mais si la réponse est NON ou Peut être pas, alors il y a un problème.
Bien sûr je sais que ce type de billet apporte de l’eau au moulin de ceux qui aiment taper sur l’éducation nationale. Je le sais ! Pourtant, il faudra bien un jour se demander si la méthode de travail des syndicats de l’éducation nationale ne devrait pas être revue ? non ?
Qu'est ce que tu en dis Michel Duff? et Philippe Cyrano? et Sybille? et toi Anne Marie? et François S? Roger aussi ? si tu veux lache toi dans les commentaires.