J’aurais bien aimé assister au mariage de mes parents le 20 octobre 1945 dans la petite ville de Castelnaudary en Lauragais mais ils s’y sont pris trop tôt et pour cause : je n’étais pas née, même pas en préparation !
Lorsque pour ma part, j’e fus à mon tour mariée, j’avais affiché au mur du salon la seule et unique photographie que je possédais de ce si beau jour. Je la regardais avec fierté et chaque matin, je lui faisais un petit clin d’œil. Un jour, mon ex mari, certainement jaloux, se prit de rage et la jeta aux ordures. Ce fut notre première grosse dispute. Aussi, je n’ai pas hésité à faire les poubelles et je l’ai à nouveau épinglée au dessus du canapé, la mettant encore plus en valeur qu’avant. L’oiseau de mauvais augure ferma son caquet.
C’était une grande image couleur sépia. Comme ils étaient beaux !
Maman était resplendissante dans sa longue robe blanche, soyeuse et dont la traîne augmentait la grâce du mouvement. Ses cheveux noirs se démarquaient sous un léger voile, magnifiques et satinés, nous faisant oublier le sortir de la guerre. Un joli bouquet de fleurs masquait ses mains que je devine si douces et si fines et sur lesquelles devait scintiller une alliance en or.
Papa portait un somptueux costume noir sur une chemise blanche dissimulée derrière une large cravate comme on n’en fait plus, la bonne vieille cravate chaude et molletonnée ! Lui, si bohême d’habitude, ressemblait à un chef d’entreprise.
Le plus merveilleux sur ce cliché, c’est leurs sourires emplis de liesse. Une telle joie nous emmène directement au septième ciel. Le bonheur se lisait sur leurs lèvres et dans leurs yeux. Ils se tenaient sur une estrade, comme des stars. J’imagine bien les nombreux flashes mémorisant cet événement. On aurait presque pu inviter la presse et les plus hautes autorités.
Il y a certainement eu une somptueuse cérémonie, en grandes pompes, connaissant la famille. Les couverts en argent, les verres de cristal et le champagne, la nappe en dentelle de calais jonchée de pétales, toute une ambiance dont je sens encore le parfum pour l’avoir connue dans mon enfance, tout devait être merveilleux. Je vois bien la sortie de table vers dix sept heures puis l’apéritif à dix huit heures avant de remettre le couvert, puis papa enlevant maman pour une douce lune de miel.
Vraiment, j’aurais voulu voir ça !
De nos jours, les parents ont souvent les enfants avant de se marier. Je me demande bien comment ils vivent ces réjouissances. Il va falloir que je demande à mon fils…