Tu veux qu'Evelyn te prédise l'avenir ? Tu veux jeter un oeil dans l'abîme ? L'Homme finira par se bouffer lui-même. De manière industrielle, je veux dire. Et tu peux me citer. Si tu traces une ligne qui part de Soleil Vert (1973), traverse Massacre à la Tronçonneuse (1974), parcours les films de zombies de Romero et rejoint Vorace (1999), et si tu suis cette ligne sans la perdre du regard, tu verras bien où elle te même: droit vers ma prophétie. Trop de monde sur Terre. La Croissance n'est pas infinie, et le point d'orgue, le climax de la folie consumériste née du capitalisme, c'est le cannibalisme. Déjà au figuré, depuis de nombreuses décennies, mais très bientôt au sens propre. Voilà pour le volet politique du film de Antonia Bird. En un seul plan, encore: Ives le mangeur d'hommes explique à Boyd que bouffer son prochain est LA solution, que c'est inéluctable, et tous les deux sont serrés poitrine, à deux dans le même cadre, avec au milieu, dans le fond du champ, le drapeau américain. Tout simplement. Le pays-roi de la consommation, désigné premier anthropophage de sa population, de sa société. Imparable. Mais Vorace, ce n'est pas que ça. C'est aussi un très bon scénario gothique, qui fait bien peur, c'est un casting ad hoc, c'est du mysticisme indien fondu dans du gore sympathique, c'est du film de vampire, c'est des chouettes images enneigées, Vorace ça n'arrête pas, c'est plus stimulant que de la coke. Et en plus, tu l'as payé quatre euros chez Gifi, alors, t'as aucune raison de passer une journée de merde.
Dans Vorace, tout le monde essaie d'échapper à sa condition. Et tout se résume à ça: "manger ou jeûner, vivre ou mourir."
Evelyn Dead
Magazine Cinéma
Si j'émargeais chez ces pitoyables baudruches de chez Allocine.fr, je vous sortirais tout de go: "attention, pépite !" Ouais ! Emballez, c'est pesé !... Seulement, je gagne pas ma vie à me gratter les c... à la machine à café, moi. Je bosse, moi. Je réfléchis. Et quand je vois un film de ce calibre, je réfléchis deux fois plus. Ça s'appelle du respect. Le respect, c'est ce que je vous dois.