J’avais écrit ici, sur un billet que je ne retrouve pas, un petit mot qui disait « C’est la première fois que j’entends des hommes sensés et équilibrés parler, en toute traquilité, de… Révolution ! ». L’autre matin encore, je discutais avec un commerçant du village et le sujet est « tout naturellement » rentré dans la conversation !! Je trouve ça incroyable ! Un signe de grands changements à venir.
Alors l’oligarchiequi nous gouverne (par la droite ou par la gauche) sent bien monter la moutarde au nez du peuple. Ils viennent, comme Luc Ferry, expliquer à la radio qu’il n’est pas acceptable d’être en colère ! Ils viennent nous donner des leçons de « savoir-vivre démocratique», mais ils s’empressent d’accumuler les mandats et de se battre au petit jeu des cooptations de la République ! Bref ils nous pissent dessus et après ils nous disent qu’il pleut ! (et c’est pareil au niveau local).
Et pendant ce temps, la classe moyenne est morte de trouille. Elle a peur de tout car elle ne contrôle rien ! Même les fonctionnaires, qui ont la sécurité de l’emploi, sentent bien qu’ils perdent rapidement du pouvoir d’achat, du niveau de vie et de la liberté ! Mais les membres de la classe moyenne sont surtout inquiets pour leurs enfants. Une des questions de l’enquète Cevipof de la fin de l’année portait sur la perception des chances des jeunes d’aujourd’hui à réussir mieux que leurs parents. Le résultat est le suivant : Moins 69%, Autant 27%, Plus 3% et Ne savent pas 1%. Alors quand on leur parle de sauver les banques pour assurer la reprise, combien sont devant leur télé à se dire « Ils nous prennent vraiment pour des cons » ? Combien ? 30% ? 50% ? 70% ?, je ne sais pas !
Et pourtant nous acceptons ce lent déclin. Le tag en Anglais sur ce mur demande « Pourquoi est ce que nous acceptons les choses ? ». Nous acceptons parceque intuitivement, nous savons que cette révolution dont parlent, avec légèreté, certains de nos concitoyens, n’est pas forcément porteuse d’amélioration. Ça serait sympa de se le faire à la façon islandaise, mais une fois le procésus démarré, le résultat n’est jamais certain.
A ce point du billet beaucoup ont déjà laché et cliqué ailleurs, d’autres se disent que j’èxagère, qu’on n’en est pas encore là. Alors je tiens à dire que tout ce qui précède a été inspiré par la lecture d’un excellent billet de Gilles Sainati chez Médiapart. Ce billet, qui m’a été indiqué par Peyraluz, est intitulé « Les chariots de la folie». Sa lecture devrait être OBLIGATOIRE. Gilles Sainati (magistrat) parle de la « paupérisation extrême de la société », qu’il observe au quotidien et ses « angoisses concernant notre futur proche ». C’est du concrèt, c’est un constat accablant comme dit une de ses lectrices.
Sainati, lui aussi, parle de Révolution, en voici un extrait choisi, vers la fin de son billet : «A l'image du Titanic, la musique continuera-t-elle à bercer notre immense naufrage collectif, ou pris d'une faculté de résistance insoupçonnée nous réveillerons-nous à temps pour protéger nos libertés et nos droits, en conquérir d'autres, et enfin reprendre notre destin en main ?
Non il ne s'agit pas de violences, ni de désordres mais d'un réveil démocratique - au pays de l'abstention record.
La seule issue pour sortir de cette folie collective est une révolution citoyenne qui saura utiliser notre démocratie finissante pour en inventer une nouvelle. Ne pas faire table rase, mais s'approprier le contenu de notre histoire pour en partager les fruits collectivement... »
Si vous ne cliquez que sur un seul des liens ci-dessus, cliquez sur celui des Chariots de la folie, et prenez le temps de lire les commentaires laissés sur ce billet.