Les propos de la Présidente de la Confédération et Ministre des Affaires Etrangères tels qu'ils sont rapportés dans l'édition du Temps du 9 février 2011 ici [d'où vient la photo] ne sont en effet guère rassurants :
"Je repars de Bruxelles avec une mission presque impossible."
Micheline Camy-Rey se sentirait-elle battue d'avance ? Ou préparerait-elle le terrain pour l'abandon de la voie bilatérale ?
"Regardons les faits: le statu quo avec l’UE, de loin notre premier partenaire économique, n’est plus tenable. Pour nous comme pour l’Union. Nous n’avons pas d’alternative au fait de repenser notre approche d’ensemble pour la rendre plus dynamique."
De quoi parle-t-elle ? Le dynamisme évoqué signifie-t-il pour elle de reprendre dynamiquement les régulations bureaucratiques européennes sans trop discuter, en bloc ?
Après avoir dessiné un grand rectangle, qui serait à remplir, Micheline Camy-Rey a expliqué [sic] :
"L’approche d’ensemble, c’est ce cadre. Il comportera plusieurs segments à l’intérieur: institutionnel, accords d’accès au marché, fiscalité."
Comprenne qui pourra. A moins que le cadre ne soit un bloc à compartiments...
Elle ajoute :
"L’objectif n’est pas de passer à nouveau des années pour aboutir encore à des questions."
Le temps presserait. Qui disait : "Le temps défait toujours ce que l'on fait sans lui" ? On ne peut pas dire en tout cas que ce soit là parole de négociatrice chevronnée.
Elle avoue d'ailleurs imprudemment :
"Les «Bilatérales III» ne sont pas le terme le plus apprécié à Bruxelles."
C'est ce qu'on appelle adopter le point de vue de la partie adverse.
Dans un autre article du Temps, Richard Werly écrit ici :
"Micheline Calmy-Rey, porte-drapeau des Bilatérales III, a d’abord l’avantage de revenir de Bruxelles avec un diagnostic clair: si la Suisse ne bouge pas maintenant, l’UE jouera l’enlisement."
Faisant allusion entre autres à l'accord sur l'électricité qui tarde à être conclu, il en tire argument pour déclarer sans autre précision :
"La cheffe du DFAE a aussi de solides arguments pour convaincre un Conseil fédéral divisé, dont les membres non UDC ne peuvent guère se permettre de cafouiller ostensiblement sur les questions européennes en année électorale."
Signifie-t-il que la "cheffe" doit forcer la main à ses collègues non UDC, c'est-à-dire à ses cinq collègues Ueli Maurer excepté, et leur dire qu'ils doivent se plier aux exigences de l'UE pour boucler les accords en suspens qui sinon seraient "problématiques pour l'économie suisse" ? Si c'était le cas, les électeurs apprécieraient cette précipitation le 23 octobre prochain...
Francis Richard