Marie : on est 4 avec Antoinette chargée de production et d’achats, Etienne qui s’occupe de la gestion finance et du commercial bio, Marie-Laetitia du commercial international et tendance et moi je m’occupe du design (nb lsb: cf les photos à droite bien sûr !).
Comment est né Shifumi ?
Marie : Shifumi est né grâce aux culottes ! Je travaillais à l’époque chez Marion Mille et je dessinais un peu de lingerie. Etienne, notre associé, travaillait dans une boite de vêtements bios qui faisaient des basiques. L’idée de créer des sous-vêtements bios sympas a beaucoup parlé à Etienne. Peu de boutiques en proposent, c’est une toute petite niche. Il nous a convaincu de nous lancer. Au début, j’ai créé de la lingerie puis naturellement, j’ai voulu créer une collection complète.
Dès le départ, nous avions une grosse envie commune qui était de faire des vêtements en respectant l’environnement. Nous nous sommes fixés une charte à respecter et cette charte grandit avec nous.
Ce côté lingerie est vraiment resté, notamment dans les looks, il y a toujours ce petit côté cocooning…
Marie : Oui, Shifumi est une expression chinoise qui veut dire Pierre Papier Ciseau. On a créé trois gammes : Shi c’est la gamme casual prêt-à-porter de tous les jours, Fu c’est la gamme accessoires avec des pièces uniques créées à partir de cuirs recyclés, Mi c’est la gamme plus intérieur avec les culottes.
La marque s’est notamment fait remarquer à l’Ethical Fashion Show !
Marie-Laetitia : Oui, très rapidement, on a fait parler de nous. La première collection a été présentée au mois de septembre au Who’s Next, au PAP et à l’Ethical Fashion Show. On a eu beaucoup de passages, de compliments et on a gagné le prix de l’Ethical Fashion Show. Cela nous a donné une bonne visibilité.
Marie : On était le coup de cœur du jury. Ils ont trouvé cela cool d’avoir une marque bio un peu fraiche, un peu tendance et qui ne fait pas du mono produit.
Vous avez eu du coup beaucoup de parution ?
Marie : on en a eu beaucoup sur les blogs, et on aura des premières parutions papier avec la collection qui arrive maintenant en magasin. On aura un article notamment dans le ELLE ou le Madame Figaro Japon.
Quels sont les boutiques que vous visez ?
Marie-Laetitia : On vise aussi bien les boutiques bios que les boutiques de modes. On souhaite que les clientes achètent parce qu’elles vont craquer sur le look et pas parce que c’est bio.
Marie : Oui, on voit cela vraiment comme une valeur ajoutée. Mais c’est aussi toute une éthique. On travaille des pièces assez basiques pour éviter que les gens passent leur temps à acheter, jeter puis acheter à nouveau. On voudrait encourager les gens à garder leurs vêtements plus longtemps ou à les customiser.
Marie-Laetitia : D’où le Do you want to play Shifumi ? qui est notre slogan. On propose à nos clientes de participer à un engagement. Tu peux porter les vêtements de plein de manières différentes pour que tu ne te lasses pas d’un produit. Mais de façon ludique : Marie a travaillé sur des nœuds papillons, des cols de chemises d’hommes sur des shorts, ce sont des petits jeux qui font la différence. On veut des vêtements bio un peu plus funky…. On veut des poches dans nos robes, des poches dans nos pantalons, on sort beaucoup, on travaille pas mal, on est toujours en mouvement, on veut des vêtements mettables pour tous les jours dans lesquels on se sent bien.
Et pour cette première collection Printemps Eté, vous allez être vendues où ?
Marie-Laetitia : on a des commandes à Paris en cours confirmation, mais on sera à Monaco, Bruxelles et au Japon… Cela commence bien et doucement, beaucoup de clients restent un peu en attente pour voir comment nous allons nous débrouiller pour la seconde collection.
Vous parliez d’éthique, où fabriquez-vous les produits ?
Marie : les produits sont fabriqués en Europe et France, mais également au Pérou sur l’hiver où nous travaillons de manière équitable avec des mamitas tricoteuses.
A Paris, on travaille avec un atelier situé dans une cité de Seine Saint Denis. Il emploie des femmes en réinsertion ce qui leur permet d’obtenir un vrai savoir faire dans la couture pour trouver un emploi. C’est une femme Brigitte qui s’occupe de cet atelier en commun avec d’autres associations et on travaille main dans la main avec eux sur beaucoup de pièces.
Au-delà du lieu de fabrication, on cherche à acheter les matières aux plus proches des savoir faire locaux : on a des soies de la région lyonnaise, de la dentelle de Calais…
On entend beaucoup parler du bio ces temps-ci, c’est une tendance de fond ?
Marie : en tant que cliente finale de pas mal de marques, je trouve que notre comportement d’achat a beaucoup évolué. Maintenant si je vais chez H&M;, je vais prendre du coton organique, plutôt qu’une autre matière. Mais surtout, j’achète beaucoup désormais dans les friperies, chez Emmaus, chez Guerrisol...
Marie-Laetitia : les secondes mains, les friperies et les brocantes, on a été élevées dedans depuis qu’on est toutes petites. Pour le bio, les grosses marques se lancent beaucoup là dedans et le crient très forts, mais cela ne représente qu’une toute petite partie de leur business. C’est plus une décision marketing qu’un véritable engagement.
A Paris, vous avez des adresses intéressantes à conseiller ?
Marie-Laetitia : il y a de jolies concepts stores qui ont émergé récemment : Dalia & Rose, Green in the City, le Centre Commercial de Veja, Mademoiselle Bambu… C’est souvent dans le Marais ou près du Canal St Martin.
Qu’est ce qui nous attend pour la prochaine collection ?
Marie : l’été était vraiment une collection capsule. Sur l’hiver, on a plus de grosses pièces avec des manteaux et mailles tel que gilet et pantalon. De façon générale, la collection est plus sophistiquée, avec des robes en soie, des bodys en dentelle, tout en gardant l'esprit ludique de Shifumi.
Où est ce que vous vous voyez dans 5 ans ?
Marie-Laetitia : on se voit déjà dans des grandes villes un peu partout dans le monde : New York, Hong Kong, Shanghai… on est déjà à Tokyo, c’est un bon début. On voudrait être une marque de référence sur le créneau du bio mais aussi avec cet état d’esprit jeune et original.
Marie : et puis aussi de s’investir plus socialement. Par exemple, dans notre atelier en Seine St Denis, ils ne peuvent pas faire nos petites culottes parce qu’ils n’ont pas les bonnes machines. On aimerait avoir les moyens pour pouvoir les aider à investir !
Et il n’y a pas que la mode aussi, il y a la musique, le graphisme, la cuisine, la peinture… On est entouré d’amis qui sont aussi dans cette mouvance. Pourquoi pas créer un label arty qui regrouperait toutes les disciplines dans 5 ans ?
Merci Marie et Marie-Laetitia !!!
www.shifumi-collections.com