Eric Besson est un révélateur de ce qu'il y a de plus rance dans le Parti Socialiste, un opportunisme sans principe. Le voir lutter contre la Commission européenne à propos de l'ARCEP est assez amusant, ou déprimant.
Le ministre de l'industrie souhaite en effet qu'un Commissaire du gouvernement puisse présenter le point de vue du gouvernement au sein de l'ARCEP, autorité qui régule rien moins que les postes et télécommunications (la gestion de la concurrence entre opérateurs de téléphonie mobile par exemple, c'est l'ARCEP).
On ne s'étonnera pas que, nonobstant toute idée de subsidiarité, Bruxelles s'oppose à la présence d'un représentant de l'Etat dans une commission administrative (l'un des motifs évoqués est qu'il pourrait avoir à connaître des informations sensibles pour les entreprises du secteur. Sans commentaire).
Quelques constats :
1. L'opposition de Bruxelles au gouvernement français vient de Neelie Kroes. A propos de cette dame qui plaide la transparence en matière d'affaires, on lira avec intérêt l'article de 2006 de Jean Quatremer, "Neelie Kroes et le mafieux" ;
2. Le lecteur pourra donc au passage relativiser l'article de Quatremer de ce jour, qui explique que le scandale des vols de Fillon et MAM payés par des dictateurs ne pourrait se produire à Bruxelles. Depuis son article sur Neelie Kroes et le mafieux, il y a cinq années de cela, c'est Neelie Kroes qui donne maintenant des cours de gestion au gouvernement français ;
3. On relève avec intérêt que plus le temps passe et plus la subsidiarité devient une chimère. Il est évident que pour la Commission tous les pouvoirs doivent être exercés par Bruxelles. L'Etat n'a même plus le droit d'avoir un observateur dans une autorité administrative ;
4. Cela n'a pas l'air de gêner grand monde et personne ne proteste, dans les médias qui se croient sérieux, contre un tel niveau d'impuissance publique. Il ne faut pas s'étonner ensuite qu'un DSK hésite à quitter un poste intéressant à Washington pour faire de la figuration à Paris.
5. le PS protestera d'autant moins que Bruxelles est, pour les socialistes, la solution en matière industrielle. En effet, les dernières productions du PS pour relancer l'industrie française suggèrent deux outils, aussi pitoyables l'un que l'autre :
- un soutien financier aux PME ;
- un ministère européen de l'industrie (il est bien connu que Madame Kroes aura à coeur de construire des "champions industriels").
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C'est terrible à dire, mais sur ce sujet, Besson me paraîtrait presque sympathique alors que je ne pourrais voter pour le PS ni à un premier ni à un deuxième tour.