Curieusement, il n'existe pas en France de répertoire centralisé des associations 1901 en fonctionnement, à l'instar du Registre du Commerce et des Sociétés pour les entreprises ou du Répertoire des métiers pour les artisans.
Cela participe de cette grande misère statistique du secteur associatif que j'ai déjà dénoncée dans ces colonnes et donne lieu à une course aux fichiers.
En effet, une raison sociale, une adresse valide et le nom d'un dirigeant, ces quelques lignes, constituent la ressource indispensable de toute démarche de marketing direct. Le commerce de fichiers de prospection est une affaire florissante pour les entreprises de marketing direct et le secteur associatif, fort de son million de structures, est un terrain de chasse comme un autre.
Pour constituer un fichier d'adresse, il faut tout d'abord obtenir des informations fiables, puis les transférer dans une base informatique et enfin vérifier leur validité.
Dans le secteur associatif, en l'absence de répertoire officiel et public, la seule source exhaustive est la Journal Officiel (édition Associations) qui recense jour après jour les publications de création d'associations 1901. Ce fichier est d'ailleurs commercialisé par le J.O. Il a un gros défaut pour le marketing direct : il enregistre seulement les déclarations donnant lieu à une annonce légale(création, modification, dissolution) ; rien ne permet de savoir si l'association n'a pas été mise en sommeil (ce qui est le cas de nombreuses structures).
Des petits malins se sont donc engouffrés dans ce vide statistique. L'idée est simple : sous couvert d'inscription à un annuaire ou de services gratuits pour leur association, les dirigeants sont invités à saisir eux-même les coordonnées de leur structure. Double avantage : la saisie est faite par l'intéressé (ce qui procure une économie au collecteur d'adresses) et on peut être certain que la structure est bien en fonctionnement puisque son dirigeant trouve intérêt à figurer dans l'annuaire ou profiter des services offerts.
Deux propositions sont particulièrement efficaces : l'inscription à un annuaire et la création d'un site internet. ces deux démarches sont évidemment proposées gratuitement pour attirer le chaland et elles permettent de collecter des données de tout premier ordre, puisque le dirigeant aura à cœur de voir sa structure correctement référencée.
Souvent, il s'agit d'attrape nigauds. L'annuaire figure très loin dans les résultats des moteurs de recherche et il n'est pas construit pour permettre une indexation des fiches individuelles des associations. Personne ne vous trouvera donc jamais par le biais de cet annuaire. Il en va de même pour la création d'un site ou d'un blog gratuit. La plateforme, souvent sommaire sur le plan technique, génère quelques pages qui vous ramènent à la préhistoire de l'internet et, là aussi, personne ne trouvera jamais votre site dans un moteur de recherche.
Alors, au-delà des quelques minutes que vous perdrez à saisir en ligne toutes les coordonnées de votre association, est-ce grave ?
Deux choses à signaler : souvent ces sites "spécialisés" ne respectent pas les consignes de la CNIL et ne vous permettent pas de refuser la revente de vos coordonnées. Ensuite, ces sites sont souvent "enrobés" d'un habillage informatif ou pédagogique ; on y trouve des news, des fiches pratiques. Quelques fois, ces informations ne sont pas pertinentes, voire carrément erronées. Elles entretiennent alors l'épais brouillard qui règne encore autour du régime juridique des associations.
PS : Volontairement je n'insère pas de liens dans ce billet. Vous comprendrez bien pourquoi...