Bonjour aux dévoreurs de nouvelles
Bonjour aux zotres
Thomas Gunzig souffle le chaud et le froid dans ma bibliothèque. J'ai aaadooorrré (rien de moins) son premier roman Mort d'un parfait bilingue qui est le livre que j'ai préféré parmi toutes mes lectures 2009 et que j'ai donc fort logiquement proposé dans la sélection du prix Qd9 2010. Pour mon plus grand plaisir, ce livre figure parmi les 3 finalistes dans la catégorie Roman francophone. J'ai en revanche (presque) détesté Kuru.
J'étais bien embêtée pour au moins 2 raisons :
1/ je n'aime pas ne pas aimer un livre (logique)
2/ je voulais poser 9 questions à l'auteur comme je l'avais fait avec Laurain, Ravalec et Reinhard l'an dernier et mon avis sur Kuru est tellement négatif que je n'osais pas le recontacter (ma déonto-blogo-logie m'interdisant de renoncer à dire ce que je pense pour le simple plaisir de mettre en ligne un échange de mails avec un auteur). Et puis si, j'ai quand même osé... et ses réponses à mes 9 questions sont un vrai régal ! Elles seront en ligne vendredi.
Mon avis
D'ici là, c'est à un autre festin à la sauce que je vous convie. Il y a quelques semaines, grâce à Cynthia, j'ai découvert un appétissant recueil de nouvelles où j'ai retrouvé les ingrédients qui m'avaient fait saliver chez cet auteur. J'ai donc dévoré ces textes croustillants organisés comme des agapes tantôt acidulées tantôt amères et jamais (trop) sucrées.
J'adore l'atmosphère pesante, tantôt inquiétante, tantôt glauque, tantôt les deux à la fois qui habite chaque texte. Bref, je me suis régalée et sachez si vous vous farcissez de la métaphore culinaire à toutes les sauces depuis quelques lignes ce n'est pas pour rien : Carbowaterstoemp est constitué comme un menu dont on ne sait pas trop à l'avance à quelle sauce les personnages seront mangés... mais faites confiance à Gunzig, ils le seront de toute façon... Une autre originalité du recueil est de proposer à 4 reprises de courtes variations sur le même thème générique (très large certes), sur une situation de départ comparable ou une simple correspondance...
Les nouvelles
1 - Amuse-bouches et pâté de lièvre, pages 9 à 40
Quand un assassin n'a pas encore eu l'occasion d'exercer ce pour quoi il sait être fait... ou les préparatifs d'un psychopathe auto proclamé super intelligent...
2 - Hors d'oeuvre et canapés, sous le signe du Chorizo, pages 41 à 58
Une ado de 15 ans, pianiste virtuose est laissée seule et désoeuvrée pendant les vacances... Une excellente occasion de faire quelques expériences...
3 - Combinaison de dîners à l'hôtel, pages 59 à 90
Sous ce titre sont regroupées 5 courtes nouvelles plus ou moins savoureuses, ma préférée étant la première.
Trop froid : Que se passe-t-il quand trois fils à papa prénommés Pierre-Henri, Jean-Nicolas et Kader s'offrent un séjour de ski en Autriche ?
Trop chaud : Des vacances, 2 parents, 2 enfants, un chien, une voiture, une plage : d'innombrables sources de problèmes...
Trop tôt : Pas de bol de tomber sur une chaudière en panne quand on est en déplacement professionnel à Berlin
Trop tard : L'amour est-il compatible avec un championnat de fléchettes ?
Trop gras : Quand deux journalistes sont accueillis comme des princes dans la campagne hongroise...
4 - Cinq casse-croûte pour le concert Take five, pages 91 à 122
Dès les premières lignes de chaque texte, on sait que l'atmosphère est pesante, étrange, décalée et que, dans chaque texte, des choses pas très jolies-jolies vont arriver et c'est justement ça qui est délicieux... Dès lors, le plaisir ressenti lors de la lecture apparaît un brin coupable, comme un péché de gourmandise non assumé face à une jupette taille 38 qui nous nargue du haut de son -70% pendant les soldes.
Adagio : que se passe-t-il quand des rats ont faim ?
Largo : que se passe-t-il quand un type se fait larguer par une fille ni très jolie ni très gentille ?
Allegro : que se passe-t-il quand son chat est allé se planquer chez les voisins ?
Lento : que se passe-t-il quand une danseuse grimpe aux arbres ?
Andante : que se passe-t-il quand on fait un peu trop de mélanges ?
5 - Les Atouts de la gastronomie au grand air, pages 123 à 153
5 variations autour du pique-nique et des divers aléas qui peuvent survenir lors d'une balade à la campagne. Les cornichons, le chocolat, le fromage, les sandwich mous et le beurre salé figurent parmi mes nouvelles préférées du recueil. Ce sont aussi les plus légères, les plus amusantes.
6 - Trois sucreries nationales Royaumes, pages 155 à 200
Le grand duc et Le petit prince ont une dimension très sociale et offrent une vision très sombre de la Belgique (mais ces nouvelles auraient pu être écrite dans (pratiquement) n'importe quel pays d'occident). Ces nouvelles figurent aussi parmi mes préférées. La comtesse est la seule nouvelle vaguement SF du lot et, à mon avis, la moins réussie... c'est en tout cas la seule que je n'ai pas aimée.
7 - Gastronomie hospitalière. Figures du transfert. Episodes cliniques, pages 201 à 238
L'hôpital en question est psychiatrique... on ne pouvait évidemment pas s'attendre à moins de la part de l'auteur.
Lali aime Gunzig, aime les nouvelles et ce recueil de nouvelles est son préféré
Conclusion
Miam miam !