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Il y avait quelque chose dans le noir qu'on n'avait pas vu (de Thomas Gunzig)

Publié le 10 février 2011 par Ceciledequoide9
Il y avait quelque chose dans le noir qu'on n'avait pas vu (de Thomas Gunzig)Bonjour aux nyctalopes
Bonjour aux zotres

Avec ce recueil de nouvelles, Thomas Gunzig prouve une fois de plus qu'il a un sens aigu du bon titre et celui-ci annonce la couleur : noir, noir, très noir...
Mon avis
J'ai retrouvé dans Il y avait quelque chose dans le noir qu'on n'avait pas vu, tout ce que j'avais adoré dans Mort d'un parfait bilingue :
- une langue moderne et efficace,
- une amoralité assumée,
- des personnages au mieux déjantés au pire plus qu'inquiétants en passant par toutes les variations possibles dans les registres victimes ou psychopathes tant on a l'impression que le monde de Gunzig est binaire, peuplé de ceux/celles qui tuent d'un côté et ceux/celles qui crèvent de l'autre, sans que, jamais, le trait ne semble manichéen ou caricatural,
- un désespoir omniprésent au sens où il ne saurait y avoir d'issue heureuse aux récits du recueil.
Ce dernier point m'amène à un constat aussi réjouissant qu'inquiétant : Thomas Gunzig possède le talent particulier de terminer ses nouvelles sur des non-dits alors que tout est déjà joué et que ce qui suit le point final est parfaitement explicite. Dès lors, le/la lecteur/trice se retrouve dans la situation de visualiser ces scènes, de les imaginer dans toute leur horreur et... d'aimer ça !
Même si j'ai beaucoup aimé Carbowaterstoemp (évoqué hier), ce recueil est à mon avis très supérieur par la densité des textes, par leur construction implaccable et par cette empreinte durable qu'ils impriment lors de la lecture.
Toutes les nouvelles du recueil sont des pépites charbonneuses, cauchemardesques, noires comme une nuit infernale. Quelques semaines après ma lecture, je les garde toutes en mémoire et je sais qu'au moins la moitié d'entre elles resteront gravées longtemps dans mon esprit. Vous qui me lisez, faites le test, de combien de nouvelles gardez-vous un souvenir net et précis ? Si vous avez lu Buzatti, Gary, Gavalda, Maupassant, Ron l'Infirmier, Forster Wallace et plein d'autres (je place Zweig à part) , de combien de leurs textes pourriez-vous raconter le déroulement et la chute ? Pas tant que ça hein ? Vite lues, vite oubliées les nouvelles ? Pas celles de Thomas Gunzig.
Les nouvelles

Elle mettait les cafards en boite
Que fait une infante d'Espagne juste avant d'enfiler sa robe de mariée ?
Où il est prouvé que "chacun(e) ses priorités"...
Sélection naturelle
Que faire quand on gagne une croisière pour 2 et qu'on ne veut pas avouer qu'on est seul (et encore moins pourquoi on l'est) ?
Ceci n'est que le point de départ d'une nouvelle où le personnage principal ne restera pas seul très longtemps...
Gentils organisateurs
Que faire pour ne pas craquer ?
Complètement sordide, pas gentil du tout et terriblement efficace.
La dernière intra-veineuse de Jean-Pierre X
Que faire sinon creuser toujours plus profond ?
L'absurde mêlée au désespoir...
Il n'y aura pas de debrieffing ce jeudi à 19h00
Que faire quand Minitrip n'est pas fidèle ?
Une atmosphère violente, une vision futuriste où l'on entrevoit des flashes de Blade runners et des souvenirs de BD de Moebius et Jodorowski...
On ne retournera jamais dans ce coin pourri
Que faire quand on est capturé par l'ennemi et enchaîné à un pont ?
Le fossé du film No man's land n'est sans doute pas très loin de ce pont...
Il y avait quelque chose dans le noir qu'on n'avait pas vu
Que faire quand on est perdu et qu'on risque d'arriver en retard à une fête ?
Un je ne sais quoi de légende urbaine déjà entendue sous diverses formes (animales) et fort bien revisitée... Frissons garantis.
Le soleil avait du savon dans l'oeil
Que faire quand on est sensible à la poésie ?
Une nouvelle que ne renieraient pas Dongola ou Derey...
Mais d'où vient ce foutu courant d'air ?
Que faire quand une exécution capitale retarde un dîner familial ?
Où il est prouvé que "chacun(e) ses problèmes"...
Il y avait quelque chose dans le noir qu'on n'avait pas vu (de Thomas Gunzig)Conclusion
Un moment de lecture fort et délicieusement malsain et donc indispensable... J'adore !

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