Par Fabienne
La Maison Européenne accueille la première rétrospective de l’œuvre photographique d’Hervé Guibert. Reconnu pour ces écrits, il est aujourd’hui à redécouvrir pour ses talents de photographe.
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La Maison Européenne de la Photographie a ouvert aujourd’hui ses portes à la première rétrospective en France d’un Hervé Guibert sans doute moins connu du grand public : le Photographe.
Mort prématurément -à l’âge de 36 ans- en décembre 1991, Guibert a laissé derrière lui une œuvre sensible et crue à la fois. Atteint du Sida, la maladie va jouer un rôle important dans ses écrits et photos mais aussi participer -bien plus que ses fréquentations mondaines- à sa notoriété.
La déclinaison de sa santé et le traitement qu’il va en faire d’un point de vue littéraire -dans la trilogie initiée en 1990 avec « A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie » (ouvrage qui le fera vraiment connaître)- mais aussi photographique -son propre corps malade en deviendra l’un des sujets- vont contribuer à faire de lui une légende. C’est avec aisance et franchise qu’il va parler de la déliquescence physique et laisser libre cours à l’expression du deuil qu’il entame de sa propre existence.
Hervé Guibert • Table de travail (voyage avec deux enfants), 1982 © Christine Guibert / Collection MEP, Paris.
Passionné d’image et écrivain talentueux il va débuter en rédigeant des critiques cinématographiques qui seront suivies dès 1977 par des articles sur les actualités culturelles et artistiques rédigées pour le Monde. Ce ne sera qu’à partir de 1987 devenu alors pensionnaire à la Villa Médicis, qu’il put s’exprimer dans des pratiques littéraires et photographiques plus personnelles. Écriture et photographie vont être très liées, ainsi le sens du détail que va développer Hervé Guibert dans sa photographie va être totalement restituée, réexploitée dans son écriture. Le regard du photographe va lui donner les moyens de traiter avec un précision, de façon pointue… sordide son monde ! Hervé Guibert ira loin dans la transgression, la subversion et la construction de l’univers singulier, autobiographique et fictif qui va habiter son écriture. La photographie suivra ce penchant en constituant le prolongement de son écriture et en participant à l’élaboration de cette mythologie personnelle.
Hervé Guibert • Sienne, 1979 © Christine Guibert / Collection MEP, Paris
Hervé Guibert • Autoportrait, 1981 © Christine Guibert / Collection MEP, Paris
En 1991, il concrétise un rêve en réalisant son premier et unique long métrage : « La pudeur et l’impudeur », ce film-documentaire prendra alors le relais sur sa pratique photo pour livrer la chronique morbide de sa déchéance physique. Il est à découvrir dans son intégralité à la Maison Européenne de la Photographie, mais voilà déjà matière à en savoir plus :
Hervé Guibert a fait partie de ces auteurs surprenants qui ont accompagné la fin de mes années de lycée. J’ai commencé sa découverte avec « La Mort propagande », une lecture qui finalement n’était pas si facile à appréhender que ça : le sens aigu de la poésie « trash » servi par l’écriture rapide, nerveuse de Guibert reste particulièrement sombre et perturbant… Cette lecture a été marquante, elle m’a naturellement incité à poursuivre l’exploration de son monde. Ce n’est que plus tard que je me suis penchée sur sa pratique photo… Qu’il me semble aujourd’hui indispensable d’aller re-découvrir à l’occasion de cette rétrospective !
Vous allez visiter l’exposition ? Vos retours sont les bienvenus !
Hervé Guibert, photographe à la Maison Européenne de la Photographie
Du 9 février au 10 avril 2011
5/7 rue de Fourcy
75004 Paris
A noter également la parution de deux ouvrages : Hervé Guibert Photographe écrit par Jean-Baptiste del Amo aux Éditions Gallimard et un ouvrage écrit par la journaliste Brigitte Ollier à paraitre aux Éditions Filigranes.