La Bastille, on en fait après l’événement le symbole du despotisme, l’abominable donjon où agonisaient des malheureux, coupables seulement d’avoir déplu au tyran ou à ses maîtresses. En vérité, l’ancien château de Charles V, avec ses huit tours grises couronnées de canons rouillés, n’est plus qu’une prison de luxe où le roi fait enfermer pour quelques semaines, bien nourris, bien logés, recevant des visites et parfois même pourvus de permissions de sortie, des fils de famille extravagants ou des libellistes sans mesure. Elle est commandée par un galant homme, Jourdan de Launay, qui dispose seulement de trente-deux Suisses et de quatre-vingt-deux invalides.
Le marquis de Launay, qui va être assassiné, sa tête fichée sur une fourche, n’est pourtant pas bien coupable ni belliqueux et va même jusqu’à faire retirer les canons des embrasures, manière de ne pas exciter inutilement la foule en colère... C’est beaucoup moins une victoire du peuple qu’une victoire de la canaille…mais peu importe finalement. Launay n’aura rien vu venir.
Rien à voir, en termes de culpabilité, avec un Greenspan, un Bernanke ou une Blythe Masters ! Eux aussi, pourtant, bien que prévenus par supermétis BHO, n’auront rien vu venir !
“My administration,” the president added, “is the only thing between you and the pitchforks.”
On ne saurait être plus clair…
(gravure: la tête de Launay hissée au bout d'une fourche - d'après le croquis au crayon de Girodet)