Au-delà

Par Metstacapuche @metstacapuche

Critique film : Au-delà (Hereafter), réalisé par Clint Eastwood, avec Matt Damon, Cécile de France, George McLaren, Frankie McLaren, Thierry Neuvic, Bryce Dallas Howard… sortie cinéma 01/2011

Clint Eastwood est sacrément productif et son style s’avère désormais reconnaissable entre mille, bien qu’il soit capable du meilleur comme du moins bon. Une année à peine après Invictus, un biopic romancé qui retrace une partie de la vie de Nelson Mandela, il démarche les salles obscures avec Au-delà et surprend dans un nouvel exercice.

Car les dernières productions signées Eastwood avaient tendance à mettre en avant un ou plusieurs personnages forts et ultra charismatiques, aux parcours exceptionnels. Je pense aux récents Million Dollar Baby et Gran Torino entre autres… Ici, la puissance des personnages ne découle pas réellement de leurs personnalités mais du rapport qu’ils ont avec le concept de vie après la mort. Trois destins filmés à égale distance et égale intensité jusqu’à ce qu’ils se croisent de manière assez prévisible. S’attacher à eux est difficile dès lors qu’ils paraissent eux-mêmes complètement dépassés par leurs histoires respectives. Cela ne gâche rien au talent des acteurs qui les interprètent ceci étant dit. Eastwood a toujours bénéficier de castings au poil pour ses films et celui-ci ne déroge pas à la règle.

Le thème de l’au-delà est abordé avec une conviction qui pourra en choquer certains, en rassurer d’autres, interroger la majorité. La théorie de la lumière blanche est imposée et ne s’oppose à aucune forme de contradiction. Si bien que l’on pourrait penser à de l’endoctrinement déguisé, servi par une réalisation Eastwoodienne quasi académique. A l’exception de l’impressionnante scène d’ouverture, véritable exercice de style pour une catastrophe au réalisme saisissant. J’ai quand même ressenti, parsemés par ci par là, des plans explicatifs et de contexte peu discrets, des figurants qui se forcent, et une atmosphère de faux qui vient entacher la profondeur du sujet. Peut-être la longueur de certaines scènes m’a fait me déconnecter du fond pour observer la forme et m’apercevoir du petit creux qualitatif, qui se confirme hélas avec les musiques rébarbatives et lancinantes qui deviennent vite inappropriées et irritantes.

Faut-il qu’Eastwood espace ses projets pour les porter au plus haut  ? Une chose est sûre, s’il n’est pas désastreux, Au-delà reste en dessous de ses pièces maîtresses, Impitoyable en tête. Ceci sans douter de sa sincérité et de sa bonne volonté.

6,5/10