Extrêmement sensible, il se cache derrière l’image d’un personnage froid et distant.
Peu a peu il se dissimule au travers d’une fumée blanche, une façon de se donner de l’assurance.
Provocateur, en pleine émission, il brûle un billet de 500 francs. Cela fera scandale, normale, la presse s’en empare ! Et pourtant, ce soir là, certains avaient bien compris ce qu’il avait voulu dire : «L’argent ne fait pas mon bonheur», « Je ne gagne pas du fric sur votre dos», «Je ne fais pas cela pour du fric», etc. etc. Évidemment, ce ne sera pas interprété comme cela, un surdoué ne pouvait pas s’en douter !
Et si Dieu créa la femme, Gainsbourg créa les femmes. Inutile de les nommer. Mais ce qui m’avait interpellé, c’est qu’il me semble qu’il avait été le premier à faire rire aux éclats Catherine Deneuve en pleine télé. Et Gainsbourg fera chanter les femmes dans les mélodies les plus sensuelles.
Cette intelligence particulière voudra lui faire partager le message du père amoureux. La presse s’en emparera encore une fois pour dénoncer une pensée incestueuse. Mais les bons pères de «fille a papa» le sont tous ! L’érotisme du père pour sa fille (tout comme l’érotisme de la mère pour son fils) est un principe bien spécifique que nous développons en psychanalyse : «Erotisation sans connotation sexuelle».
Ainsi, Gainsbourg assume sous le regard des autres sa place de père, sa fille aussi. Et pour lui, ce fut une très belle déclaration d’amour d’un père à sa fille. Force et assurance garantie pour Charlotte, même si les » I am choking » étaient de sortie !
Gainsbourg, c’est aussi ce juif de l’Est en recherche d’identité.
Créateur inné, réussite incontestée, Gainsbourg est resté dans cette solitude du surdoué où la blanche fumée et le sang de la vigne l’ont accompagné jusqu’à l’emporter, ce qu’il avait probablement ébauché.
Serge s’est envolé… Gainsbourg nous est resté.