Anna Calvi au Nouveau Casino (Paris), 8 février 2011

Publié le 09 février 2011 par Nicolas Lordier



C
omme je le disais dans un article précédent, je ne vais pas m'embarquer dans l'écoute de l'album d'Anna Calvi avant d'avoir été convaincu par sa prestation en live. La presse est unanime, l'anglaise est célébrée ça et là sur les couv' des magazines spécialisés les plus avertis alors, avant de me jeter sur ses enregistrements, c'est un passage au Nouveau Casino qui me fera (ou non) passer commande à mon disquaire préféré. Mon arrivée sur les lieux coïncide avec le début du set de La Fiancée, une première partie tendre, délicate, aux accents folks. En guise de mise en bouche, la jeune femme entonne ses petites comptines françaises sans empiéter sur le territoire d'Anna Calvi qui, après un petit temps de changement de plateau, arrive seule sur scène avec une introduction à la guitare, avec ce son de Telecaster reconnaissable entre mille. L'ambiance est électrique et la chose qui me surprend le plus, c'est l'élégance d'Anna Calvi qui ne joue à aucun moment de sa grâce, discrète et que l'on sent tournée vers son art. La jeune femme a dû écouter beaucoup de musique et travailler énormément sa voix et son jeu de guitare. Jamais calquée sur quiconque (je ne trouve pas spécialement de comparaisons à faire) ou sur un schéma précis, elle balade sa voix, entonne des hymnes qui résonnent à la manière d'une pièce classique ou d'un drame shakespearien ("Love Won't Be Leaving", ma préférée sans doute). J'ai même parfois cette impression de rock médiéval, de cérémonie religieuse...Cette voix profonde et puissante convoque l'Histoire et le Malin ("Joan Of Arc" ou "The Devil")  pour marquer son appartenance à une frange rock de la musique populaire (Led Zeppelin ou Jeff Buckley) et quelque part s'éloigner de la tendance pop sucrée immédiate et "radiophonique". Accompagnée par un batteur et une multi-instrumentiste (percussions, harmonium, guitare et choeurs) qui contribuent largement à installer la messe, Anna Calvi trouble par cette discrétion et ce charisme qui n'est pas sans rappeler Maynar James Keenan (Tool, A Perfect Circle). Elle est au service de ses chansons qui composeront les quarante cinq minutes chrono de son set, certes un peu court mais qui, rappelons-le, est celui d'une tournée qui suit un premier album. Verdict : je vais me procurer son disque.