L'invention de Hugo Cabret

Par Anne Onyme

Brian Selznick
Scholastic
533 pages

Résumé:

Orphelin, remonteur d’horloge et voleur, Hugo vit dans les murs d’une gare achalandée de Paris. Sa survie repose sur son habileté à préserver le secret de son existence. Lorsque son chemin croise ceux d’une jeune intellectuelle excentrique et d’un marchand de jouets bourru et suspicieux, Hugo craint le pire. Un dessin codé, un cahier d’une valeur inestimable, une clé volée, un androïde et un message signé du père d’Hugo s’entremêlent en une toile de fond des plus énigmatiques. Hugo saura-t-il résoudre les mystères entourant son passé?

Mon commentaire:

L'invention de Hugo Cabret est un roman familial qui mérite qu'on s'y attarde. Même s'il s'agit en fait de littérature jeunesse, ne vous arrêtez pas à ce statut. Vous passeriez à côté d'un roman original et différent. Il s'agit d'une histoire en mots et en images. Ici, les illustrations n'accompagnent pas la narration, elles sont l'histoire. Par moments ce sont les illustrations qui racontent l'histoire d'Hugo, une jeune orphelin, passionné de mécanismes, d'horlogerie, de cinéma et de magie; par moments le texte soutient l'image en racontant ce qui ne peut être illustré. Le livre est construit comme pouvaient l'être les premiers films muets.

Vibrant hommage au cinéma, c'est à tout le côté romantique des premiers films que nous convie l'autreur: le caractère impressionnant des images animées, les gros plans (que l'on retrouve beaucoup dans les illustrations), le travail acharné de rêveurs qui ont concrétisé l'idée folle du cinéma en un divertissement aujourd'hui très populaire. Le roman nous plonge également dans le passé avec la rencontre de Méliès, mais aussi avec l'histoire passionnante de la construction d'automates, bien populaires au XIXe siècle.

L'invention de Hugo Cabret raconte le monde de Hugo, rempli de films, de rêves, de pertes et de chagrins, d'une improbable amitié et d'une découverte qui bouleversera la vie de bien des gens... Le roman se veut un bel hommage à Georges Méliès, mais aussi à son film Le voyage dans la lune. Même plus de 109 ans plus tard, il reste un film marquant et une oeuvre majeure de son époque. Pour l'avoir déjà visionné, je peux dire qu'il s'agit d'un des films qui m'a le plus marquée. Il faut naturellement avoir en tête l'époque où il a été tourné pour bien saisir tout ce qu'a pu amener le travail de Méliès pour le cinéma. Il a été le premier à utiliser des trucages dans les films et il a apporté énormément dans le développement du cinéma.

Dans le roman, on peut voir plusieurs clins d'oeil à son oeuvre, des images tirées du film, en plus des magnifiques illustrations au crayon de Brian Selznick. Son travail est méticuleux et détaillé, très expressif. Le roman est bien écrit et soutenu par une excellente traduction française de Danièle Laruelle. L'apparence du livre - couverture cartonnée, volume de pages important, pages noires ou blanches et les dessins - donne tout de suite l'impression d'ouvrir une porte sur un autre monde, d'entrer dans l'histoire et de se laisser porter par les mots de l'auteur. Pour moi, ce roman se classe dans une catégorie à part puisqu'il est une véritable expérience de lecture.

Ce roman est un grand coup de coeur pour moi! C'est un roman original, émouvant, beau, sur la vie et les rêves. À découvrir si vous ne l'avez pas encore lu!

En complément:

Un film est en préparation présentement et sortira sur nos écran en décembre 2011. Je suis impatiente de le découvrir!

Quelques extraits:

"-Avant de rentrer chez toi, viens avec moi, lui propose Hugo.
Il aide Isabelle à passer par la bouche d'aération la plus proche pour gagner les
couloirs de service. Entre la main blessée d'Hugo et la cheville foulée d'Isabelle, ils ont bien du mal à monter les escaliers et l'échelle, mais ils se soutiennent mutuellement et arrivent enfin aux grandes horloges de verre qui dominent la ville. Elles devraient être éclairées de l'intérieur, mais les fils électriques ont rendu l'âme depuis longtemps.
-C'est beau! s'exclame Isabelle, admirative. On croirait que toute la ville est faite
d'étoiles.
-Parfois, je viens ici la nuit, pas pour entretenir les horloges, juste pour
regarder. Je m'imagine que le monde est une machine géante., Tu sais, dans les machines, il n'y a pas de pièces en trop. Elles ont exactement le nombre et le type de pièces qui leur sont nécessaires. Alors, je me dis que, si l'univers entier est une machine, il y a bien une raison pour que je sois là. Et toi aussi, tu as une raison d'exister." p.378

"Le temps peut vous jouer des tours de toutes sortes. En un clin d'oeil, des bébés apparaissent dans des landaus, des cercueils disparaissent dans la terre, des guerres sont gagnées et perdues, et, tels les papillons, les enfants se métamorphosent en adultes." p.509