Alors que la revue britannique « The Lancet » montre que l’obésité dans le monde touche aujourd’hui 10% de la population mondiale , soit 500 millions de personnes et que cette obésité a doublé en 30 ans, la presse française titre « Les français restent minces ….. » (Le Parisien) ou « Obésité : les français gardent la ligne » (Elle), « les français au top de la minceur » (Europe1).
C’est un peu vite oublier que la France comptait en 2009 6,5 millions d’obèses, et qu’en 12 ans la prévalence de l’obésité des adultes français était passée de 8,5% à 14,5% et a donc probablement doublé en quelques 15 ans comme le souligne le rapport Obépi Roche de 2009 dirigé par le Professeur Arnaud Basdevant.
Alors désinformation, incompétence, inconscience ou tout à la fois ?
Il est vrai que l’étude menée par des chercheurs de l’Impérial Collège de Londres et de l’Institut Recherche et santé d’Hamilton au Canada fait froid dans le dos.
En 28 ans l’IMC a augmenté autant chez les hommes que chez les femmes. On compte dans le monde 1,46 Milliards d’adultes en surpoids. Ces problèmes ne concernent plus les seuls pays occidentaux ou les pays riches, mais le glissement se fait progressivement vers les pays à revenus bas ou moyens. Dans les pays riches, les Etats-Unis gardent la palme du surpoids avec une IMC de plus de 28 (La Nouvelle-Zelande est deuxième).Le Japon a l’IMC la plus basse a 22 pour les femmes et 24 pour les hommes. Cas unique en Europe, l’IMC a baissé en Italie, et les femmes les plus minces sont les suissesses.
Les chercheurs, le professeur Ezzati et le Professeur Yusuf qui ont mené l’étude, rappellent que le surpoids est un facteur de risque important pour les maladies cardiovasculaires, le diabète, et le cancer et serait à l’origine de 3 millions de morts chaque année.Cette bataille mondiale est difficile à gagner et pourrait passer par le contrôle et la prévention du cholestérol, de la tension artérielle et du tabagisme selon le Pr. Yusuf qui pense que le contrôle de l’obésité nécessitera des « interventions prolongées » sur des dizaines d’années.
Et même si dans ce tableau apocalyptique la France fait partie des moins mauvais, nous ne sommes pas bons : nous comptons 2,5 millions de diabétiques en France. L’obésité infantile est passée de 4% environ en 1966 à 15 à 18% selon les études aujourd’hui.Et n’oublions pas que le diabète, les maladies cardiovasculaires et toutes les pathologies rattachées à l’obésité et l’obésité elle-même auront probablement coûté 37 milliards d’euros au budget de la nation française en 2009.
L'ObObs attend du Professeur Basdevant, ''Monsieur Obésité'' de l’Elysée, qu'il sorte de son silence assourdissant face à de telles incohérences franco-françaises et de telles contre-vérités médiatiques suggérées.
Non, vraiment il n’y a pas de quoi pavoiser et sûrement pas de quoi prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages.