Philippe d'Arvisenet revient sur l'embellie des indices boursiers en ce début d'année 2011 : solides perspectives aux Etats Unis et en Allemagne en particulier
Gaëlle Copienne : Les perspectives tracées par les indicateurs se sont améliorées dans les derniers mois et annoncent une activité soutenue en début d'année, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, mais est-ce vraiment cohérent avec la crise actuelle ? : Les perspectives tracées par les indicateurs se sont améliorées dans les derniers mois et annoncent une activité soutenue en début d'année, tant aux Etats-Unis qu'en Europe, mais est-ce vraiment cohérent avec la crise actuelle ?
Philippe d'Arvisenet : Les indicateurs en question, notamment l'indicateur ISM aux Etats-Unis, les PMI en Europe, aussi bien en Grande-Bretagne que dans la zone euro, se sont effectivement redressés dans le courant des derniers mois, et de nouveau au mois de décembre, de manière très sensible, notamment dans la zone euro. Alors cela nous annonce des publications de croissance vraisemblablement en hausse, de chaque côté de l'Atlantique. Ce qui est remarquable, c'est que ces indicateurs se sont redressés non seulement dans des pays comme l'Allemagne mais aussi en Angleterre.
Il faut savoir qu'en Angleterre, ce mois-ci, au mois de janvier, il a été décidé une augmentation de 2,5 % de la TVA. Ce qui n'est pas très bon pour les ventes au détail, mais ça n'a pas empêché l'indicateur dont nous parlions de monter. Et on voit même les pays de la périphérie de la zone euro, si je prends l'exemple de l'Irlande, qui voient leurs indicateurs conjoncturels se redresser puisqu'en Irlande, on a gagné au mois de décembre un point pour se placer à 52,2 - si je me souviens bien. Ce qui, en territoire d'expansion, est peut-être assez surprenant d'ailleurs.
Gaëlle Copienne : A quoi peut-on attribuer cette embellie ? : A quoi peut-on attribuer cette embellie ?
Philippe d'Arvisenet : Alors en ce qui concerne tout d'abord les Etats-Unis, il faut bien voir que nous sommes sortis d'un paysage où l'on attendait un caractère restrictif de la politique budgétaire, puisque suite à l'accord entre l'administration Obama et les républicains, le déficit budgétaire va rester tel qu'il est, pendant les deux ans qui viennent. Donc, c'est un frein qui disparaît. Deuxièmement, l'incertitude qui planait sur les perspectives budgétaires a disparu. Ce qui fait que des entreprises qui étaient très attentistes, bien que très riches, en matière d'investissement, en matière de recrutement, vont sans doute desserrer un petit peu la manette, si je puis dire. Et donc, nous avons des perspectives qui sont plus solides aux Etats-Unis, qui restent fragiles à terme, bien sûr, mais qui sont plus solides à court terme.
Dans la zone euro, nous avons naturellement des disparités. L'Allemagne est en tête du redressement conjoncturel actuel. Il faut bien voir qu'il ne s'agit pas seulement du bénéfice des exportations - ou plus seulement, je devrais dire. Il s'agit aussi du fait, qu'en Allemagne, l'amélioration du côté du commerce extérieur s'est transmise à l'investissement et est en train de se transmettre à la consommation, ce qui est quelque chose de positif pour les autres membres de la zone euro.
Gaëlle Copienne : Mais la crise souveraine de la zone euro ne demeure-t-elle pas aujourd'hui une menace importante ? : Mais la crise souveraine de la zone euro ne demeure-t-elle pas aujourd'hui une menace importante ?
Philippe d'Arvisenet : Naturellement, cette crise n'est pas terminée. Il faut bien voir que les marchés craignent non seulement la liquidité, ce qui est facile à gérer avec des prêts, mais craignent surtout la solvabilité, la possibilité de restructuration de dette et ce genre de choses. Il faut bien voir malgré tout que les marchés avaient sous-estimé l'engagement politique pour l'euro. Ils avaient sous-estimé ce que serait le coût d'un abandon de l'euro, aussi bien pour les créanciers que pour les débiteurs. Et on a vu un certain nombre de choses qui n'étaient pas du tout prévues dans les traités ou les textes. A savoir, le sauvetage de la Grèce. La facilité de financement européenne, qui a servi d'ailleurs à l'Irlande. Le fait que la BCE ait été beaucoup moins exigeante en matière de qualité des collatéraux qui sont pris dans ces opérations de refinancement. Le fait que la BCE se soit lancée dans un programme d'achat de dette souveraine.
Si jamais les choses devaient s'aggraver à nouveau, qu'il y avait une vague de stress à nouveau, il est vraisemblable que de nouveaux pas seraient faits, soit l'augmentation de la capacité de la facilité de financement, soit, ce qui serait souhaitable, parce que c'était un défaut de base de l'euro, un pas vers plus de solidarité, c'est-à-dire, in fine, plus de fédéralisme budgétaire.
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