Etat chronique de poésie 1126

1126 

Nous vivons un monde sans pitié : 

Il vous colle un rôle à jouer 

Que vous devez tenir, qu’il vous plaise ou non, 

Sans jamais donner le moindre signe de faiblesse ou d’ennui ; 

Il vous met sur des rails si serrés 

Qu’il vous est impossible de faire un pas de côté sans dérailler, 

Ce qu’il vous reproche aussitôt, 

Et vous fait payer au prix le plus fort. 

* 

Nous vivons un monde sans grâce : 

Il vous enferme dans la cage en vous parlant de liberté, 

Vous attache le pied au boulet de ses contraintes 

En vous serinant que vous avez le choix, 

Vous met barreaux aux fenêtres 

Avec la prétention d’élargir votre horizon. 

Mais que vous tentiez de vous échapper de la cage, 

De vous défaire du boulet, de scier les barreaux, 

Vous voilà, 

Illico, 

Cloué au pilori des dangereux terroristes. 

* 

C’est ce monde qui se dit libre, 

Qui clame partout devoir être pris en modèle. 

Il se méfie de tout ce qui ne lui ressemble pas, 

Poursuit de sa vindicte toute les âmes rebelles, 

Inflige insidieusement ses normes de pensées, 

Pousse tout réfractaire à la désertion, 

Veut imposer sa loi au monde, 

Quand le monde n’en a pas besoin. 

Mais à longueur de colonnes et d’antennes, 

Il vous chante la liberté, 

Qui est celle de se soumettre. 

* 

Nous vivons un monde sans grâce et sans pitié 

Que seul les révoltés peignent aux couleurs vives de l’avenir. 

. 

Manosque, 6 janvier 2011 

  ©CopyrightDepot.co 000455677