Je ne suis pas très inspiré en ce moment. Et le fait que vous veniez moins (ce qui, dans un sens, est juste puisque je publie moins) ne me motive pas trop. J'ai du abandonner des rubriques que j'aimais bien, comme (je parle aux plus fidèles, que j'embrasse) La séance du Mercredi, qui me permettait de parler de films que je n'avais pas vus, avec donc une grande liberté (voir les films peut fausser le jugement), mais aussi certaines difficultés. En gros, cette rubrique a sans doute correspondu à des périodes où je travaillais moins au bureau, ou, périodes avec des temps de transport plus acceptables ; tout se barre. Idem des Copier-collé(s) du vendredi (là, je m'adresse aux très fidèles, que j'embrasse à nouveau), concept plaisant pour mon esprit embué, mais terriblement chronophages. Certes le côté masturbatoire n'est pas niable, mais il m'est arrivé de retourner vers ces pages et d'y éprouver une sorte de plaisir narcissique. Même si j'apprends à l'occasion que j'ai défendu des films ou des manifestations artistiques dont je ne garde aucun souvenir.
Continuons en musique avec celles et ceux qui aiment cliquer le lecteur deezer. Patti Smith qui était parisienne l'autre semaine et que je n'ai pas vue, ne sachant pas choisir entre ses six soirées différentes, me manque, alors la voici, avec sa voix de sorcière, enregistrée aux Vieilles Charrues en 2004, avec son groupe, dont Lenny Kaye aux guitares, le compagnon des origines, des bons et des mauvais jours. C'est Jubilee. Cette version publique est moins bonne, percutante, que la version en studio, mais je la choisis pour faire plaisir (cf. l'intro par Patti) à mes lecteurs gauchistes qui pensent que ce blog a perdu sa dimension politique.
Si je traite moins directement de sujets ouvertement politiques (en particulier la question des sans papiers, dont l'exploitation sarkozyste m'a semblé longtemps le symptôme de la dangerosité étroite de ce régime), j'ai été clair depuis 2007 : c'est sur le terrain culturel que Nicolas le tout petit, l'a emporté et c'est sur ce terrain que j'ai choisi, prioritairement, de combattre son système stalino-libéral. Je n'aime pas la culture TF1, c'est une culture totalitaire visant, sous couvert de profits financiers immédiats, à réduire les esprits à certaines matières qui ne sentent pas bon. Mais je n'ai plus envie de parler du scandale du jour, de la condamnation de tel ministre chargé de notre sécurité et des bonnes mœurs, des voyages gratuits en avion de tel autre qui offrait les services des forces de l'ordre françaises à un dictateur obligé depuis à fuir son pays, du premier des ministres qui semblait couvrir les frasques aériennes du précédent et dont on découvre que lui même etc. Non, le cirque politique de la droite française relève aujourd'hui plus de VSD ou Closer que de l'analyse ou de la condamnation effarouchée.
Au fait, j'aurais bien illustré ce papier d'un extrait du magnifique disque d'hommages de Michel Simon, Pierre Brasseur, Arletty et autres (on fait pire), disant des textes de Céline, avec le talent qu'on imagine. C'était sur Deezer, j'en ai déjà produit un extrait, magnifique, de Céline lui même défendant le style en littérature et ce n'était pas triste. Mais, au moment même où Céline était exclu de la dignité nationale, Deezer virait ce disque hommage. Hommage à la liberté d'expression, bien sûr.
J'ai éternué cinq fois, je pense que j'attrape la crève. Six fois.
Suite.
Mais défendre ici un certain cinéma, une certaine littérature, une certaine musique, une certaine conception novatrice de l'art, c'est dépasser le clan Sarkozy, c'est déjà envisager sa défaite, son départ cafardeux, sa carapate minuscule. Défendre Apichatpong, JLG ou Houellebecq (ou Patti Smith), c'est envisager un monde qui échappe à la pesanteur de la vulgarité crasse de ces dirigeants du jour, de cette classe dominante anecdotique à l'échelle du Monde et de l'Histoire, même de l'histoire récente.
Cinéma : rions un peu. Qui, commentant son dernier film, a eu ce trait d'humour : "Jean Renoir disait : 'J'espère apprendre toute ma vie en faisant des films'". Oui, c'était Dany Boon présentant sa dernière œuvre. Donc, le réalisateur des douaniers se réclame de La règle du jeu. Oui, camarade connard, il faut savoir dans quel jeu on est un pion.
Quant au reste.
Pendant qu'au Caire le pouvoir joue le chaos contre la rue et que l'exigence démocratique gagne le Yemen, l'Algérie, voire le Maroc, la petite France tourne dans son petit rond. Les nominations pour les Césars de l'année ont été dévoilées. Je ne vais pas vous refaire le coup de l'an dernier du genre Les Césars au risque de la Mondialisation. J'en reparlerai si j'ai le temps. Ainsi qu'un ou deux films vus récemment, dont le définitif Mystères de Lisbonne.
L'excellent magazine ciné en ligne d'Arte, Blow up interroge la pertinence avec laquelle le cinéma a su utiliser la musique de Bob Dylan et propose un Top Five des meilleurs BO dylaniennes. Je ne résiste pas à l'envie de partager ça avec vous. En gros d'accord avec le choix de Blow up sur les cinq films choisis, j'aurais pour ma part fait glisser l'extraordinaire générique de début des Watchmen à la première place, me sentant encore parcouru de frissons devant la beauté dudit générique.
Un mot du livre que je viens de terminer de façon à ajouter à la désorganisation de ce billet
J'ai lu Lacrimosa de Régis Jauffret.. Je n'arrivais pas à m'intéresser à cet auteur jusqu'à une pétition, que j'ai signé, bien sur, comme tous les lecteurs ayant à coeur de lire libre (les boules pour les autres) en raison de la tentative d'interdiction de son dernier roman, Sévère.
Lacrimosa est le dialogue, ou l'échange de courrier, de mails, de sms, entre l'auteur et sa maitresse morte. Autant dire que l'égalité entre l'un et l'autre n'est pas établie.
Globalement je n'aime pas. Trop de préciosité d'écrivain français dans cette écriture qui, parfois, singe Boris Vian, le meilleur Boris Vian, celui de L'écume des jours, celui de la mort de Chloé et des petites souris. J'avoue mon agacement à lire un livre au texte trop écrit, trop poli, trop joli. J'aime, en littérature, le style modeste, tellement fort qu'il n'a pas besoin de se faire remarquer. Ellis, Djian, Houellebecq etc. Jauffret écrit en langue majuscule pour que le lecteur n'oublie jamais qu'il accède, via l'auteur, à la littérature. Je trouve ça extrèmement déplaisant, mais. Si à 90 %, Jauffret me fait vomir, il reste ces 10 % qui n'onrt pas de prix, surtout littéraire. 10 % qui me bouleversent. J'aimerais citer des passages, mais je ne tape jamais le texte des autres. En tout cas, les 10 % dont je parlais justifient pleinement la lecture de Lacrimosa et me donnent envie de découvrir d'autres livres du même auteur pour savoir si cette préciosité qui m'a gêné est la maque de ce démon ou s'il sait écrire limpide. J'aimerais bien.
Ce billet était totalement anarchique. Désolé. Non, c'est pas vrai, je ne suis pas désolé. Pour celles ou ceux qui sont arrivé(e)s ici, merci, infiniment merci de m'avoir suivi jusqu'à ce terme.