Pourtant, il nous emmène loin, aux confins de l’Europe et de l’Orient, à Constantinople, au début du seizième siècle, où il fait voyager Michel-Ange, entre les religions, entre les arts (poésie, peinture, architecture, musique), entre les amours et les trahisons. Quelques indiscrétions, quelques listes relevées dans les carnets de l’artiste, listes qui nous font voyager à notre tour : fourrures, laine, satin, velours, étoupe, amadou, briquet, mèche, cire, huile, luth, mandore, viole, tambour, savons, riz, charbon, poivre, cannelle, muscade, camphre, aigremoine, cinnamome, euphorbe et mandragore, serpentin, porphyre, et le manque de marbre, carreaux de faïence, coupole, piliers, arche, passerelle, le désir, la colère, l’ivresse, la mort, le mal du pays, et consteller, scintiller, s’éteindre.
L’auteur sait nous montrer dans les fresques romaines le visage stambouliote, dans la poésie florentine les beautés ottomanes. Et de cet homme, artiste de génie, sculpteur du fameux David, à qui le sultan commande un pont pour relier deux parties de la ville, Mathias Enard écrit : « Michel-Ange est modelé par son œuvre. »