Les jeunes,
La vie à deux, comme tu le sais, ça ne tombe pas tout cru juste parce qu’on s’apprécie. Ca s’apprend. Il faut faire avec les petites manies de l’autre, supporter de passer tout son temps dans un espace clos et exigu, faire des concessions. Mais c’est toujours très enrichissant.
Qu’on soit en CDD, CDI, intérim, mission de consultant, il y a toujours un moment où l’on franchit un cap avec l’autre et où l’on découvre qui il est vraiment. Et là, ça passe ou ça casse.
Moi par exemple, je partage mon bureau avec ma maître de stage. On passe 8, 9, parfois 10h par jour ensemble. Rien que nous deux. Au début on était trois, l’ancienne stagiaire que je remplace, et il faisait très chaud dans ces 9m2, mais rassure-toi, on a un ventilateur. J’avais peur de passer après, parce qu’elle avait été la première stagiaire et que la relation qu’elles avaient établie était excellente.
Et puis le temps a passé. J’ai repris son bureau, je fais de moins en moins de bêtise, on me laisse parfois tout gérer comme une grande. Bon, quand j’ai des clients au téléphone, ma voix trahit toujours mes 23 ans et quelques…
Heureusement pour nous, nous avons le stress joyeux. Plus on est fatiguées, plus on est mortes de rire. Surtout après 19h.
Au bout de trois mois de relation, il ne se passe plus un jour sans qu’on parle de sacs à main ou de mascara (je rappelle que certains clients nous voient comme des secrétaires, il faut donc qu’on fasse honneur à notre rang). Il ne se passe plus non plus une semaine sans qu’on montre à une de nos collègues qui n’a pas la mémoire des visages des photos de Clive Owen, Jonathan Rhys-Meyers, Simon Baker ou Jason Statham (à qui j’attribue la paternité de la calvitie sexy – je te parlerai de cette école de pensée que j’ai fondée). Heureusement qu’on est là pour faire son éducation.
Les lendemains de grosse journée, j’ai l’autorisation d’arriver à 10h. Psychologiquement, je ne peux pas PARCE QUE J’AI UNE CONSCIENCE PROFESSIONNELLE, figure-toi. Alors, comme la semaine dernière, j’apporte les brioches. Et ce jour-là, quand j’ai ouvert la porte du bureau avec mon sachet à la main, j’ai vu mon café crème et mon pain au chocolat qui m’attendaient sur mon bureau.
Ce qui prouve bien qu’on peut manger deux viennoiseries par jour et avoir un corps de rêve. SPQR.