La projection avait lieu dans un cadre… assez inhabituel. Il s’agissait d’une avant-première (le film sort en salles le 16 février) organisée par TF1, partenaire du film. Je m’engouffrais dans les locaux de la chaîne en tant que guest de mon ami Rick, invité à la soirée. Oui car en fait d’une simple projection du film, il s’agissait d’une véritable petite sauterie, avec champagne, amuse-bouches et costards cravates en veux-tu-en-voilà. S’il n’y avait eu ici ou là quelques invités habillés d’un simple pull, j’aurais pu croire que le port du costard cravate était obligatoire tant je me suis senti cerné. Parmi cette petite centaine de spectateurs tirés à quatre épingles, ou plutôt en plus d’eux, la productrice du film, Nathalie Gastaldo, le réalisateur du film, Jérôme Salle, et la star du film, Tomer Sisley.
Après une petite coupe et de quoi se caler un peu l’estomac, direction la salle de projection de TF1, un joli petit auditorium capable d’accueillir, à vue de nez, une bonne centaine de spectateurs. Pendant que les pompiers enfoncent la porte des toilettes pour libérer un enfant coincé à l’intérieur (véridique), Rick et moi prenons place dans cette confortable salle faite de larges fauteuils en cuir, au cœur de ce cinquième rang laissant un bon mètre à nos jambes pour s’étaler. Je ne connaissais pas la salle de TF1, je dois bien avouer qu’elle est idéale pour voir un film. Gastaldo, Salle et Sisley nous gratifient d’un petit speech détendu avant le début du film. Laurent Storch, monsieur TF1 ce soir-là, la joue MC, Sisley fait un p’tit show sympa. Ambiance détendue. Apparemment, la plupart des invités sont des annonceurs. Sisley prévient qu’il les brosse dans le sens du poil car ils donnent du fric à TF1, fric que TF1 donne ensuite à Nathalie Gavaldo, qui elle-même l’investit dans le film, le réalisateur, et lui, Tomer Sisley. Alors c’est ça le public ce soir, des publicitaires. Avec Rick, on se sent on peu seuls au milieu des costards cravates. Mais personnellement je viens pour le film, donc le reste… Tomer nous annonce que cette suite est meilleure que le premier. Facile à dire pour l’acteur. A nous d’en juger.
Après les laborieuses premières minutes du film, Largo Winch 2 prend peu à peu forme. L’action, se projetant de la jungle birmane aux dédales de Bangkok, des gratte-ciels de Hong Kong aux banques suisses, gagne en intensité. Les personnages prennent de l’épaisseur. Du premier film, hormis Largo, presque tous les autres personnages disparaissent tout à fait ou sont relégués à l’arrière-plan. Tous ? Non. Il en est un qui au contraire s’étoffe. Celui-là même que j’avais regretté ne pas plus voir dans le premier opus. Gauthier, le valet de Largo. Un drôle de personnage, intelligent mais guindé, qui en l’espace de deux ou trois scènes seulement existait totalement dans le premier film. Dans cette suite, les scénaristes ont eu le flair de faire de Gauthier l’homme de confiance de Largo, remplissant pour lui une mission importante et au passage apportant la fraicheur d’un ressort comique tout en finesse.
Mais Jérôme Salle Julien Rappeneau, auteurs du scénario, ne se contentent pas de Gauthier. Ils ont la bonne idée de faire surgir Simon, celui qui dans la BD était le meilleur ami de Largo, un séducteur invétéré formant une belle équipe avec le héros. Il est ici introduit de façon saugrenue. Il apparaît naïf et dépassé dans la jungle birmane, et à deux doigts de la mort si Largo ne passait pas dans le coin. Du sauvetage de Simon par Largo va non seulement naître un nouveau Simon, larguant son ancienne existence pour dévorer la vie pleinement, mais il va surtout naître un partenaire pour Largo Winch. Un partenaire non pour les affaires, mais pour l’aventure.
C’est en apportant ces détails aux cruciaux seconds rôles que Largo Winch 2 réussit son pari d’enrichir l’épisode précédent. Bien sûr il y a aussi la beauté éclatante de Napakpapha Nakprasitte, le charme vénéneux de la cougar Sharon Stone, et la présence fascinante, fantomatique et posthume de Laurent Terzieff. La réussite de Largo Winch 2 ne saurait s’arrêter à deux personnages. Pourtant ils y contribuent amplement.
Le public d’annonceurs n’est pas amateur de générique de fin. Ils se sont tous vite levés, et étaient partis depuis longtemps lorsque Rick m’expliquait encore en quoi l’excellente séquence de chute libre renvoyait à Moonraker, et cette autre séquence d’action dans une salle de bain était une référence directe à Goldfinger. Si tu le dis, Rick, c’est toi le spécialiste en James Bond. Tant qu’on est d’accord sur les qualités de Gauthier et Simon, je veux bien te croire.