Nicolas Fargues revient avec son dernier roman « Tu verras » ou comment survivre au deuil d’un enfant et retrouver la force de vivre…
A 12 ans, Clément meurt dans un accident de transport, et laisse son père définitivement seul. En proie à une profonde introspection, ce dernier se met à revivre un à un, chacun des moments qu’il a partagé avec son enfant. Cynique dans les détails, émouvant dans le phrasé, Nicolas Fargues nous offre là, un de ses romans les plus « achevés ». Entre détails vestimentaires, et goûts musicaux douteux, il se heurte aux méandres de l’amour, au travers de la découverte. Découverte d’un caractère, d’un âge, d’un regard. Colin, le père, refait le film de ces 12 années, qui se sont effroyablement stoppées, net, d’un coup. Et si l’auteur a appelé son personnage principal Clément, c’est parce qu’il espère qu’il lui pardonnera d’être un parent aussi exigent. Peut être la mort saura t elle rendre le conflit intergénérationnel moins virulent.
Dans ce roman, Nicolas Fargues décrit toute la complexité des relations père fils, à travers une introspection qui permet au dernier des vivants de cracher sa souffrance. Et c’est cette souffrance justement, ou plus exactement la peur de la connaître un jour, qui a poussé Nicolas Fargues à aborder ce thème. Cette remise en question fondamentale, l’auteur a préféré la faire avant, en imaginant cet accident. Pas tout à fait imaginé en réalité, puisque qu’il a malheureusement vécu un moment semblable, lors d’un accident où son fils de 5 ans a été renversé.
A travers les lignes, Nicolas Fargues est aussi révolté que d’habitude, plus ironique que jamais, mais surtout plus fragile. C’est un livre qu’il aime bien, parce qu’il y a mis beaucoup de lui même. Dans la lignée des autres, son style est épuré, clair, direct. Pourtant, les lettres sont liées par une douce nostalgie, qui se décolle de sa plume, jusque dans les prénoms de ses héros, ou le détails des situations. A défaut d’aimer souffrir, on conviendra que tout comme le ragga-slow d’Akon, c’est un livre qui « fait tout autant de bien que de Mal ». Merci Nicolas…
“Tu verras” de Nicolas Fargues 14,73€ aux éditions POL
Carine Dany pour Bleat Mag