Au loin derrière, je revois la route accidentée sur laquelle j'ai toujours roulé.
Les quelques feux verts qui, heureusement, m'ont permis d'avancer.
Les priorités, les ralentisseurs, qui m'ont obligé à freiner.
Les sens interdit, les barrières, que j'ai franchi sans être inquiété.
Tantôt j'y vois les aires de repos où j'ai appris à aimer.
Leur parfum de vacances, de friandises et de liberté.
Tantôt j'y côtoie encore les amis grâce auxquels j'ai eu la force de résister,
leur confiance, leurs visages emplis de joie de vivre, et nos mains liées.
J'y aperçois encore mon enfance, et toute sa cruauté.
La douleur de l'absence, la mauvaise odeur d'un nid souillé.
J'entends les appels d'une voix, par la tristesse et l'alcool, rongée.
J'en oublie même quelquefois qu'il y a eu des bons côtés.
Je retire pourtant tant de bonnes choses de ce sombre passé :
tout ce qui fait qu'aujourd'hui j'ai encore la force de lutter,
ma personnalité, mes opinions, mes rêves, mes ambitions et leur inutilité,
tous les maillons d'une chaîne de vingt-cinq ans à exister, pour finir handicapé…