13 personnes interpellées hier matin pour des violences volontaires en réunion. Certaines sont liées aux « Autonomes lorrains ».
Première sortie publique des Autonomes lorrains le 9 mai 2010 à Paris lors de la « fête de Jeanne d’Arc» Capture d’écran You Tube
La police vient d’effectuer une série d’interpellations dans les milieux d’extrême droite. Treize personnes soupçonnées d’avoir participé à des passages à tabac fin 2010 et début 2011 ont été arrêtées à leur domicile hier matin, à Nancy et dans plusieurs communes du nord de l’agglomération, dont Custines et Dieulouard, avant d’être placées en garde à vue à l’hôtel de police du boulevard Lobau. Ce vaste coup de filet qui a mobilisé l’ensemble des services de la Sûreté départementale intervient dans le cadre d’une enquête ouverte en fin d’année dernière pour « violences volontaires en réunion ». Selon nos informations, (policiers et magistrats ne souhaitant pas communiquer pour l’heure) une partie des personnes actuellement en garde à vue serait liée aux « Autonomes lorrains ».
« Flandy » le leader
Comme nous le révélions dans nos colonnes (ER du 9 novembre), ce groupuscule violent d’extrême droite s’est illustré en marge des manifestations contre la réforme des retraites par de violentes agressions. Leur cible : les militants de gauche en général, ceux de l’UNEF en particulier. Les membres du RESF (Réseau éducation sans frontière) sont les premiers à les avoir vus de près lors de cercles de silence organisés chaque semaine place Stanislas. Ces « Autonomes lorrains » dont certains arborent un look skinhead ont tenté à plusieurs reprises de perturber ces rassemblements. Ils sont surtout soupçonnés d’être les auteurs de plusieurs agressions gratuites commises dans les rues de Nancy en ce début d’année. L’enquête porte sur une quinzaine de faits au total.
Nous savons également que Charles R. figure parmi les personnes actuellement entendues par les enquêteurs. Surnommé « Flandy », cet étudiant en droit est considéré comme le « leader » de ce groupuscule d’extrême droite. Charles R. est à l’origine d’une demande de manifestation déposée en préfecture l’an dernier. Ce défilé « pour la paix » prévu le 13 novembre 2010 devait officiellement rassembler jeunes Français et jeunes Allemands. Un rassemblement transfrontalier « d’autonomes » fascisants en réalité selon les associations antiracistes et la LDH qui s’étaient mobilisées pour demander son interdiction. Charles R. avait lui-même retiré sa demande par un simple un coup de fil.
Saïd LABIDI
article paru le 09/11/2011
Les nouveaux fascistes
Un groupuscule violent d’extrême droite sévit à Nancy depuis plus d’un an. Les militants du RESF et de l’Unef sont ciblés.
Un groupuscule violent d’extrême droite sévit à Nancy depuis plus d’un an. Les militants du RESF et de l’Unef sont ciblés.Ils ne seraient qu’une poignée et la plupart d’entre eux seraient mineurs. Ils se sont quand même fait remarquer le 9 mai dernier à Paris en défilant derrière une banderole à leur nom lors de la traditionnelle manifestation nationaliste en l’honneur de Jeanne d’Arc. Les « Autonomes lorrains » s’étaient d’abord illustrés en 2008 à Nancy par des tags et des autocollants islamophobes. Et dès l’année suivante, par des actions violentes. Ce groupuscule informel d’extrême droite qui se définit comme « un collectif régional pour la défense des valeurs de la civilisation occidentale » s’en prend physiquement aux militants de gauche. Nous avons retrouvé plusieurs de leurs victimes.
Mai 2009, Christian Poirson, militant PCF, vice-président du CAFAR 54 (Comité antifasciste et antiraciste) participe à un cercle de silence du RESF (Réseau éducation sans frontière), place Stanislas. « On a vu arriver cinq, six jeunes, pas spécialement des skins. Ils avaient le visage couvert par des capuchons. L’un d’eux m’a arraché mon badge du PCF. Le mois suivant, ils étaient plus nombreux et les crânes rasés étaient plus visibles. Mais la police était là ».
Le 14 novembre 2009, Maxime Sachay, « militant antifasciste », participe avec la Chorale des sans nom à une manifestation « bon enfant » en faveur de l’IVG, en réaction à un rassemblement anti avortement. Lui et quatre de ses amis se font passer à tabac devant la cathédrale aux cris de « bande de sales rouges ». Il dit aussi avoir reçu un coup de matraque en marge de l’une des manifestations contre la réforme des retraites. Quelques semaines plus tard, une dizaine d’«autonomes » se rendent à son domicile et fracturent la porte de son immeuble et celle de son appartement avant de s’enfuir. Depuis, le groupe est revenu chez lui à deux reprises. Le 29 octobre 2010, ils ont brisé les vitres de son appartement.
Février 2010 Stéphane D., militant Unef sort des caves du Roy. Place Stanislas, un groupe l’interpelle par son nom. Et le tabasse. Ses deux agresseurs ont le crâne rasé et chaussent des « rangers à lacets blancs ». Ce détail est corroboré par Sandra, une militante Unef de la fac de lettres, qui se déplace en fauteuil roulant.
Samedi 23 octobre, alors qu’elle fume une cigarette devant sa cité U, elle est jetée à terre, aspergée de gaz lacrymogène et violemment frappée par deux individus. « Ils m’ont dit : on t’a reconnue sale gauchiste. On ne veut plus te voir en tête de cortège… Ils me connaissaient par cœur ! »
Les Autonomes lorrains disposent d’un site animé par les « Nationalistes autonomes ». Ils démentent être les auteurs de cette agression. Toujours sur ce site, il est possible d’imprimer des autocollants et des pochoirs de propagande. L’Unef est clairement ciblée. On peut aussi voir la vidéo de leurs participations au défilé du 9 mai à Paris et à une marche de soutien Outre-Rhin à la mémoire d’un militant autonome allemand « assassiné ».Looks extrêmesInsaisissables, les autonomes brouillent les pistes puisqu’ils reprennent les codes vestimentaires de l’extrême gauche. Sur les vidéos, on les voit porter des casquettes, parfois même des écharpes palestiniennes !
Ils calquent également leur mode d’organisation sur celui des groupes indépendants de la gauche autonome, comme les « black blocks», ces groupements d’individus masqués bien connus au sein des manifestations altermondialistes. Les autonomes lorrains étaient en marge des manifestations contre les retraites.
Les autonomes lorrains se disent « indépendants des mouvements existants » et affirment agir « au sein d’une section sans lien avec les autres groupes d’autonomes ».
Leur discours comporte une dimension « sociale » et « anticapitaliste » assez marquée. Sociale ET nationale
La blogosphère locale s’est beaucoup intéressée à ces autonomes, sur le Forum social local notamment.
Coup de filet chez les skins – Est Républicain.