Au centre des débats

Avec la grave blessure de Maxime Mermoz, les sélectionneurs du XV de France ont de nouveau dû, sans mauvais jeu de mots, changer leur fusil d'épaule.

C'est la faute à pas de chance, diront les plus aimables commentateurs. Les autres, plus objectifs (?) rétorqueront qu'à modifier sans cesse les lignes arrières, Marc Lièvremont et ses collègues n'ont pas permis au groupe de disposer d'une solution de remplacement stable et présentant des garanties solides en cas de pépin chez les titulaires de la charge.

C'est donc une nouvelle combinaison qui nous sera proposée, dimanche prochain en Irlande, une paire Damien Traille - Aurélien Rougerie. Alignée pendant un peut plus d'une demi-heure samedi dernier contre l'Ecosse, on ne peut pas vraiment dire que cette association au centre de l'attaque Française a démontré sa supériorité sur ses devancières.

Pour notre part, on reste dubitatif sur l'addition des kilos comme gage d'efficacité, dans un secteur où l'ensemble des sélectionneurs nationaux privilégient davantage la complémentarité de joueurs aux caractéristiques dissemblables. Sans nier les qualités d'appui de Damien Traille ou d'Aurélien Rougerie, ils ne sont pas à proprement parler des monstres de vivacité. En face, même vieillissante, la paire D'Arcy - O'Driscoll pourrait faire ses délices d'une opposition qui, de surcroît, n'est pas forcément habituée à jouer ensemble. On sait combien les automatismes comptent en défense, en particulier dans le milieu du terrain.

Dans le même ordre d'idée, on croisera les doigts à chaque fois qu'il prendra l'envie à l'ouvreur Irlandais de taper quelques petits coups de pied par-dessus cette ligne défensive dont la mobilité paraît plus proche du modèle Maginot que de celui de Napoléon.

On veut bien concéder que l'an passé, face à ces mêmes adversaires, la paire de centres formée par Yannick Jauzion et Mathieu Bastareaud avait réduit au silence les deux artistes d'Erin dont on vante les qualités d'appuis et la vivacité. Cela peut effectivement donner de l'espoir à ceux qui estiment que la défense formée par le Biarrot et le Clermontois vaut celle alignée l'an passée. Ce dont, franchement, on n'est pas totalement convaincu.

Une satisfaction, quand même, devant la décision des sélectionneurs de repositionner Damien Traille. Celle-ci permet en effet de rappeler dans le XV de départ Clément Poitrenaud, très ingambe en ce moment.

Devant, pas de changement. Du moins chez les titulaires puisque Sylvain Marconnet, c'était prévu, occupera le banc à la place de Luc Ducalcon. On souhaite à notre pack le même bonheur en mêlée et un peu plus de lucidité en défense.

Le XV de départ : Poitrenaud ; Huget, Rougerie, Traille, Médard ; (o) Trinh-Duc, (m) Parra ; Bonnaire, Harinordoquy, Dusautoir (cap.) ; Pierre, Nallet ; Mas, Servat, Domingo.

Remplaçants : Guirado, Marconnet, Thion, Chabal, Yachvili, Jauzion, Clerc.