En 2007, le Royaume-Uni attirait 30% d’étudiants étrangers de plus que la France et formait 4 fois plus de Chinois et 17 fois plus d’Indiens. Ce flux considérable d’étudiants étrangers est un atout de taille pour l’économie britannique. Si la France souhaite rester compétitive, elle doit soigner l’attractivité – recruter les meilleurs étudiants et enseignants sur le marché mondial – et le rayonnement de ses universités – envoyer ses étudiants se former dans des universités internationales prestigieuses. Le principal frein à l’internationalisation des écoles d’ingénieurs françaises demeure la faible proportion de cours dispensés en anglais.
Il existe en France 4.305 structures d’enseignement supérieur, généralement monodisciplinaires, contre 169 structures pluridisciplinaires au Royaume-Uni, à nombre d’étudiants sensiblement égal. Des rapprochements tels que ParisTech sont indispensables pour donner à nos établissements une meilleure visibilité à l’international, encore faut-il « donner une âme » à ces regroupements ainsi qu’une unité de lieu. Deux leviers doivent être actionnés : la généralisation de projets longs inter-écoles et la possibilité d’échanges de cours entre écoles.
Les ingénieurs doivent être les principaux acteurs de transferts raisonnés du laboratoire à l’application. Marginale dans leur formation, cette lacune se retrouve dans la difficulté de la France à faire émerger l’innovation. Il manque en France des lieux où les élèves pourraient se former par la pratique aux techniques de l’ingénieur et du chercheur ainsi que conduire leurs propres expériences.
Si la formation scientifique et technique des ingénieurs français est très réputée, leurs capacités managériales sont discutées. La formation des ingénieurs doit comprendre la transmission et l’acquisition d’outils pour développer des aptitudes de conduite des hommes et des projets, nécessaires compléments de leur compétence technique.
Seuls 4% des ingénieurs en France réalisent une thèse, contre 15% aux États-Unis. À la faible attractivité et valorisation du doctorat s’ajoute le fait qu’en France les entreprises sont trop souvent réticentes à recruter des docteurs, même pour des postes de recherche. Ainsi, 50% des postes de chercheurs sont pourvus par des ingénieurs contre seulement 15% par des docteurs. La création de doctorats orientés vers l’ingénierie permettrait aux ingénieurs d’acquérir des compétences de recherche et de multiplier les opportunités d’innovations technologiques.
Aujourd’hui, un étudiant issu des catégories socio-professionnelles les plus favorisées a vingt fois plus de chances d’accéder à une grande école qu’un étudiant provenant d’un milieu moins favorisé. Ainsi, 90% des étudiants des écoles d’ingénieurs les plus prestigieuses sont-ils issus de milieux favorisés contre 70% il y a 50ans. En découle une forte homogénéité culturelle au sein de ces écoles. La création de filières d’accès alternatives au recrutement sélectif est une proposition pertinente pour accroître la diversification sociale : des regroupements de grandes écoles pourraient mettre en place des cursus de licence spécifiques préparant à la formation d’ingénieur.
Si la France entend jouer un rôle dans la mondialisation, elle ne peut plus faire l’économie d’un véritable investissement dans l’innovation et les ingénieurs peuvent en être le fer de lance. C’est dans cette optique que l’Institut Montaigne vient de publier une étude qui formule 10 propositions concrètes pour valoriser véritablement les comportements innovants et entrepreneuriaux des ingénieurs, pour leur offrir des outils, des moyens ainsi qu’un environnement propices au développement de la recherche et de l’innovation de haut niveau.