Un peu court mon cher Edouard, j’ai compléter pour toi cette histoire d’eau.
l’eau tarie de la rivière Lézarde.
Il y atoujours une Lézarde quelque part… et dans le lointain on entend :
Yé kric… yé krac…
dlo pen ! Coco
dlo doubout ! kan
dlo koulé dlo, dlo lavé kô, dlo monté monn, et dlo pas ka monté monn, dlo canal, dlo gazèse, dlo mar, dlo lapli, dlo léglis, dlo lanmè,
l’eau de vie,
l’eau couleur de sang qui coule dans nos veines,
l’eau sans quoi la vie n’est plus,
l’eau qui manque à la terre assoiffée
l’eau qui s’évapore,
l’eau de minuit,
l’eau de midi pour regarder les éclipses de soleil
l’eau dans les mains offerte, et qui coule entre les doigts,
l’eau bénite, et toute sa magie,
l’eau des morts de soif,
l’eau H2O,
l’eau de Cologne,
l’eau de javel,
l’eau de chaux,
l’eau lourde de nos guerres fratricides,
l’eau de la fraicheur du matin,
l’eau de la toilette de nos défunts,
l’eau vive qui ne stagne jamais,
l’eau de la rosée du soir, ou celle du matin,
l’eau que nous buvons en cercle,
l’eau à-vau l’eau,
l’eau qui tout bas frissonne,
l’eau de boue,
l’eau qui source
l’eau des peuples sans eau,
l’eau des sables rouges,
l’eau douce mêlée d’eau de mer aux embouchures de nos rivières,
l’eau des égouts du monde,
l’eau de ceux dont la gorge est en feu et dont la parole s’efface
l’eau des 100 000 morts.
l’eau de mer, lien de nos îles
l’eau pluie qui perle du ciel
l’eau rosée du petit matin
l’eau larmes de nos yeux embués… avez-vous déjà goûté les larmes de l’aimée.
l’eau neige dont rêve nos petits
l’eau glaçon qui transperce les feuilles
l’eau de notre baptême
l’eau du rio blanco, et l’eau du rio négro qui à force se mélangent pour la vie
les eaux vannes les eaux usées les eaux grasses de nos cuisines,
l’eau portée par les vents hurlants de nos cyclones
l’eau de la toiture percée et qui goute dans la chambre
l’eau qui chante et tambourine sur les tôles de la case
l’eau de nos essuies glace, mais qui ne sèche pas les larmes
l’eau des miracles du christ, transformée en vin
l’eau du bénitier, que l’on touche du bout des doigts pour triplement s’oindre le front la bouche et le cœur.
l’eau forte attaquant le cuivre et créant des images
l’eau miroir de nous et que je trouble d’un doigt
l’eau sans prix les eaux amniotiques de la parturiente, perdues à jamais
l’eau que l’on espère faire sortir des roches
l’eau distilléel’eau de nos mares, lagunes et mangroves
l’eau perle de sueur au front des humbles et qu’un fou transforme en étoile filante
l’eau qui s’évapore.
l’eau des douches écossaises
l’eau des faubourgs de la Pointe, porteur de germes et de miasmes, mais l’eau des golomines salvatrices.
l’eau de mer qui cache les jambes des p’tits bateaux
l’eau rayon bleu lorsque l’astre solaire y plonge au seuil de la nuit,
l’eau de l’arbre du voyageur,
l’eau que l’on jette sans le bébé,
l’eau qui créa le système métrique dans une belle comptine que chantait les anciens :
un litre d’eau pure
c’est juste un kilo,
décimètre sans ajouter rien,
voilà son volume
retenez le bien !
l’eau douce, à nos cœurs, à nos corps, à nos soifs
l’eau miraculeuse de Lourdes,
l’eau de source,
l’eau plate,
l’eau ennemi du feu,
l’eau potable,
l’eau en bouteille,
l’eau du robinet,
l’eau meurtrière de nos ravines,
l’eau qui coule de source,
l’eau minérale,
l’eau « aqua simplex »,
l’eau de seltz,
l’eau de table
l’eau vergne.
L’eau ferrugineuse
L’eau qui se fait muse
L’eau objet de culte
L’eau des fêtes de nos villages
L’eau des nuits de la Saint-Jean
L’eau du bain démarré
L’eau des fontaines de jouvence
L’eau de nos rites millénaires,
L’eau vase de nos bassins, boue de nos étangs, mousse de nos forets,
L’eau de nos puits profonds,
L’eau qui chemine dans nos montagnes,
L’eau si rare qu’elle fut un don de dieu,
L’eau des sources de l’Eden
Les eaux du déluge,
L’eau du lavement des pieds ou des mains,
L’eau du Jourdain, du Nil, de la Seine ou de Grand’rivière,
L’eau de l’aspersion,
L’eau qui murmure Zam-Zam du puits sacré de l’islam,
L’eau de la cape de Mahomet recevant la parole de l’ange Ibrail
L’eau miroir de la fontaine qui ouvre l’imagination,
L’eau écho visuel de l’homme narcisse qui se mire
L’eau source d’énergie houille blanche de nos montagnes,
L’eau du jardin des délices,
L’eau conductrice des morts
L’eau infinie du domaine des morts
L’eau lien entre femme et mort de William Shakespeare,
Et je suis la licorne de la légende, je suis la puissance, la beauté, la noblesse, la pureté… de ma corne torsadée je sépare les eaux polluées, je décèle les impuretés et les poissons, je purifie l’eau infestée par les vermines et les serpents.