J'entends depuis quelques semaines (depuis le début de l'année, en fait) des commentaires négatifs de mes interlocuteurs sur ce qui nous attend en 2008. Je ne sais pas si c'est le contexte boursier, les cris de panique des banques et des opérateurs financiers, mais qu'on se le dise, 2008 se présenterait sous des auspices pessimistes.
Sur le fond de la question, n'ayant pas de boule de cristal, je vous laisse avec ce point d'interrogation. Mais comme je ne suis plus tout jeune j'ai de l'expérience, cela me rappelle d'autres krachs, et d'autres périodes de vaches maigres. Ce que les marins appellent la pétole : pas de vent dans les voiles et tout le monde aux abris. A mon avis, c'est encore plus redoutable que la tempête.
Cela interroge sur ce qu'il convient de faire dans les contextes difficiles. Les traders, eux, quand les marchés actions tanguent et que les nuages de la récession s'amoncellent de manière inquiétante à l'horizon, ils achètent de l'or. C'est ce qu'on appelle une position défensive. Et je vous le dis, l'or est à un plus haut historique, au cas où vous n'écouteriez pas BFM.
Pour un professionnel, indépendant ou en poste, quel peut être une position défensive ? Comment envisager le travail, sa carrière, quand les lendemains ne s'annoncent pas chantants ? Voici trois pistes de réflexion, à vous de faire votre mix.
- Renforcer votre expertise
Dans les périodes fastes, il y a de l'activité pour tous et l'employeur/client est certainement moins regardant. Quand les indicateurs plongent, toutes les décisions d'investissement sont soupesées au trébuchet. Bien souvent, le process de décision est lui-même rallongé au-delà du raisonnable. "On manque de visibilité" : c'est le mantra que vous entendez dans les entreprises. C'est le moment de travailler à approfondir votre expertise, et de vous mettre à jour sur les compétences qui font la cohérence de votre "métier", quel qu'il soit. Vous pouvez par exemple envisager de suivre une formation complémentaire, ou lire vraiment, crayon en main, les derniers livres des gourous de votre secteur d'activité qui dorment sous une pile de vieux dossiers.
- Préciser votre marketing
C'est aussi le moment de resserrer votre angle d'attaque : cela permet d'être plus perforant. Toujours la métaphore guerrière. Quand les cuirasses se font plus épaisses, n'est-ce pas… Resserrer l'angle, cela veut dire notamment mieux cibler vos clients (externes ou internes, d'ailleurs). Développer une stratégie de niche, et s'y tenir. La politique de l'attrape-tout ne fonctionne pas. En période de pénurie, il faut économiser son énergie, et éviter d'arroser trop large. Creusez le sillon que vous avez identifié. Si vous développez une offre de services (ce qui est le cas d'un consultant indépendant comme d'un chercheur d'emploi), vous devez identifier les clients qui ont vraiment besoin de ce que vous pouvez leur apporter. Pour le reste, c'est-à-dire le superflu, ils ont remis leur investissement aux Calendes. Inutile d'insister.
- Préparer la suite
Il faut savoir faire le gros dos, ce qui ne veut pas dire rester passif. Quand on n'a pas d'autre choix, le bon investissement consiste à fourbir ses armes (décidément!) pour tirer le meilleur parti de la situation dès que les choses commenceront à s'arranger. Car après la pluie, comme chacun sait, vient le beau temps. Donc : préparer ses outils de communication, les axes prioritaires de développement (pour être immédiatement opérationnel quand la météo sera de nouveau à l'investissement et que des budgets refleuriront), se consacrer aux taches ennuyeuses qu'il faut faire de toute façon, pour en être débarrassé. Autant de façons de se rendre prêt et dispo pour saisir l'opportunité qui passe et vous dorer aux premiers rayons du soleil revenu.