La question de la laïcité à gauche.

Publié le 07 février 2011 par Marx

 
   Si  les deux grands courants  du mouvement ouvrier ont considéré de manière différente la question de  la religion , la laïcité est une question fondamentale pour tous. Le mouvement ouvrier est fondamentalement laïque avec une tradition anti cléricale  dans les milieux libertaires et républicains. Les « blanquistes » qui représentent les courants libertaires et anarcho syndicalistes, que l’on retrouve avec Jean Alemane au sein du PSOR , se réclament de l’athéisme militant. Nul ne peut appartenir au PSOR s’il n’est pas athée, nul ne peut être dirigeant ou candidat du Parti s’il n’est pas ouvrier et athée. Les marxistes opposent le matérialisme à la pensée religieuse et ne font de cette dernière une condition préalable à l’adhésion, subordonnée à la condition sociale de classe. Puisque dans la société socialiste, la religion n’aura plus raison d’être. La libération totale de l’homme et de la femme de toutes les contraintes, des croyances et des tabous, devient un processus naturel de l’éveil des consciences. C’est justement cet éveil des consciences qu’il faut obtenir par le combat idéologique, qui se traduit également par la lutte contre les appareils cléricaux instruments de l’obscurantisme.  Jean Jaurès sera une des figures de proue de la lutte contre les obscurantismes. C’est lui qui demande au groupe parlementaire de voter la loi de sépaation des églises et de l’Etat dont le rapporteur est Aristide Briand. Les élus de la tendance « blanquiste alemaniste » trouvent que cette loi ne va pas assez loin. Jaurès monte à nouveau au « créneau » lors des Congrès socialiste en exhortant les socialistes à poursuivre le combat laïque, contre l’obscurantisme religieux et patronal.
   A côté du mouvement ouvrier, les républicains, les républicains radicaux, radicaux et radicaux socialistes, poursuivent la tradition républicaine avec le combat anticlérical de l’issu duquel dépend même l’existence de la République. « La droite cléricale » telle qu’elle est définie, c’est le retour à l’ancien régime, elle en est une des représentations.
   L’église catholique va tenter de faire face à la montée des idées nouvelles, révolutionnaires qui gagnent les travailleurs et le petit peuple. Le terrain idéologique lui est disputé. Ils parlent de la nouvelle religion qui gagne le peuple , « le socialisme ». L’église oppose sa doctrine sociale au socialisme et tente de récupérer une parti de la classe ouvrière, c’est le début des syndicats jaunes. La lutte est âpre, contre Jaurès et les socialistes menée entre autre par le Comte Albert de Mun qui organise ses premières associations ouvrières. La charité sociale est opposée à la revendication de justice sociale. Enfin en 1911, l’église réussit en constituant sur la base de sa doctrine sociale, un syndicat, la CFTC afin de faire pièce à la puissante CGT  à laquelle peuvent parfaitement adhérer les croyants, au même titre que les autres et quelques soient les convictions politiques ou religieuses.
   La doctrine sociale de l’église sera également la base des politiques de Primo de Rivera en Espagne, du fascisme , du corporatisme et du national catholicisme de Franco, sans oublier le pétainisme en France et les différents courants qui l’on composé. Il y a toutefois une seconde lecture faite de cette doctrine sociale, au travers de quelques courants du catholicisme social, certes minoritaires mais qui produiront la deuxième gauche, qui parfois avec quelques accents « révolutionnaires » est une gauche de collaboration de classe.  Jacques Delors pourrait illustrer cette deuxième gauche de collaboration de classe et de collaboration tout court, puisque issu des jeunesses fascistes, pour finir comme l’on sait. Un autre courant de chrétiens sociaux et révélé dans l’opposition à la guerre d’Algérie et avec les années cinquante et soixante les Associations catholiques ouvrières et la JOC. Ces courants ne sont pas des courants du mouvement ouvrier, ni de la gauche républicaine traditionnelle , ils ont pris naissance pour justement contrecarrer le mouvement ouvrier et lui disputer le terrain de la classe ouvrière. C’est là que prend toute sa dimension la question de la laïcité et la question religieuse et par là celle du système dominant. Le « socialisme caritatif » ne remet en cause ni le système ni l’idéologie qui la sous tend, (subordination et soumission).
   La question de la laïcité revêt une nouvelle dimension  et c’est par la laïcité qu’existe la fracture réelle droite gauche et au travers de ce débat que le néo socialisme reprend son sens premier. Depuis 1933 , néo socialisme se conjugue avec néo conservatisme, les deux politiques issues et inspirées par la doctrine sociale de l’église. Or le néo socialisme est de retour avec le social libéralisme et par le même processus idéologique, avec toutefois une différence de taille, les néos minoritaires furent exclus du PS en 1933 et en 1944 (tous ceux qui votèrent les pleins pouvoirs à Pétain) alors que de nos jours, ils y sont largement  majoritaires au sein PS. Mais ce Parti n’est pas seul a subir ce « phénomène », il touche toute la gauche y compris ceux qui se prétendent les plus révolutionnaires. En suivant les parcours de quelques uns ou quelques unes, cela ne fait que confirmer. De ce point de vue, de la tradition et des racines politiques comme sur le plan idéologique face à la question religieuse, Lutte Ouvrière et le Parti des travailleurs ont toujours gardé une attitude conséquente avec ce qu’ils prétendent être.
   Il y a pour certains une forme de paternalisme, comme à propos de l’islam, « religion des pauvres ». Cette démarche caritative occulte totalement le combat idéologique, la soumission des pauvres aux riches, des femmes aux hommes. C’est ici, dans nos pays qu’une certaine « gauche » en carton mâché se déploie sur la question de laïcité. Il existe pourtant des organisations  républicaines, marxistes, athées, socialistes, communistes, de Libres penseurs , féministes ,dans tous les pays musulmans, avec religion d’Etat mais elles sont illégales, poursuivies et forcément dans la clandestinité. Leurs militants et militantes sont chassées, torturés, emprisonnés, assassinés ou exécutés, par centaines tous les ans . Qui leur demande leur avis ? à eux qui pourtant restent fidèles à leur mission historique. Ici c’est facile de faire face aux religieux, il y e n a qui ont fait le nécessaire pour ça  dans toute la rigueur et la vigueur qui s’imposait et qui s’impose toujours car l’obscurantisme ne cède jamais.
   Enfin, les chiffres sont tombés, il n’y aurait plus que 36% de français qui croient en l’existence de Dieu, selon les derniers sondages publiés. Allez encore un effort afin de libérer les esprits de tous les tabous.