Évérolimus pour combattre une résistance à herceptine

Publié le 07 février 2011 par Isabelledelyon

Comme toutes les rares femmes à survivre à un cancer du sein Her2+++ métastasé d'emblée, je dois recevoir un traitement ciblé Herceptine, à vie, toutes les trois semaines. Ma vie dépend de ce traitement. Autant vous dire que ma plus grande crainte est de développer une résistance à l'herceptine. Il y a bien Tyverb (lapatinib) qui peut prendre le relais depuis quelques années et qui représente une solution de rechange.

Heureusement des chercheurs se sont penchés sur ce problème de la résistance à herceptine : Pourquoi devient-on résistant à ce traitement ? Pourquoi et comment pourrait-on débloquer les facteurs à l'origine de cette résistance ?

Voici un résumé à ma sauce de plusieurs articles sur le sujet dont je mets les liens à la fin de ce post.

Face à un cancer du sein Her2+++, ce qui représente 20 à 25% des cas, le traitement proposé est herceptine. Malheureusement sans qu'on sache pourquoi, certaines patientes voient leur cancer Her2 reprendre de la vigueur malgré ce traitement. Elles se mettent à développer une résistance à herceptine combinée avec une chimio lourde. Comme ce cancer est particulièrement agressif et plus susceptible de se disséminer dans l'organisme par l'apparition de métastase, leur prise en charge devient difficile.
Une équipe française de chercheurs de l'Inserm de l'IGR a cherché et surtout trouvé comment combattre cette résistance  grâce à un inhibiteur : Évérolimus (Afinitor®).

La résistance à Herceptine a plusieurs origines. L'une d'elles est l'activation par la tumeur de la voie mTOR (une des voies d'activation cellulaire qui aboutit à la division de la cellule cancéreuse). On peut alors penser qu'un inhibiteur de la voie mTOR serait capable de lever la résistance au traitement par herceptine.

Un essai préliminaire, portant sur 33 femmes atteintes de cancer du sein métastatique surexprimant HER2 dont 32 résistaient au traitement Herceptine et/ou Taxol, a permis d'évaluer la dose maximale tolérée d'Évérolimus , toujours en continuant d'administrer la combinaison Herceptine + Taxol. Compte tenu des toxicités observées, la dose de 10mg/jour d'Évérolimus est celle recommandée par les auteurs pour le développement de futurs essais cliniques.

L'efficacité du traitement a été évaluée pour 27 patientes parmi les 33 incluses. L'ajout d'Évérolimus a permis :

  • des Régressions tumorales chez 44 % des patientes pourtant réfractaires à Herceptine.
  • une Stabilisation du cancer métastasé à 6 mois dans 74 % des cas
  • parmi les 11 patientes résistantes à la fois au trastuzumab et aux taxanes le taux de réponse globale au traitement était de 55 %.

Les auteurs concluent que :

"D'un point de vue conceptuel, il s'agit de la première preuve que l'ajout d'un inhibiteur de kinase intracellulaire (mTOR) permet de contourner des résistances à une thérapie ciblée".

"l'Évérolimus combiné à Herceptine et au Taxol a été généralement bien toléré et l'activité anti-tumorale est encourageante chez ces patientes pourtant pré-traitées par Herceptine et ayant développé une résistance à ce traitement".

Une étude de plus grande ampleur (de phase III internationale) est actuellement en cours pour confirmer cette approche.

Liens des deux articles que j'ai résumés :

http://news.doctissimo.fr/cancer-du-sein-mieux-lutter-contre-la-resistance-a-l-herceptin_article7483.html

http://www.laprovence.com/article/sante/leverolimus-serait-une-alternative-efficace-dans-le-traitement-du-cancer-du-sein-metas

Plus de détails sur le mode d'administration d'Évérolimus (Afinitor®) :

Il doit être pris par voie orale une fois par jour à la même heure chaque jour, avec ou sans aliments de façon constante. Les comprimés doivent être avalés entiers avec un verre d'eau. Les comprimés ne doivent pas être mâchés ou écrasés.
Si une dose est oubliée, le patient ne doit pas prendre une dose supplémentaire, mais prendre la prochaine dose normale prescrite.