Et je me demandais – pas vous ? – ce qu’il en advenait de la Côte d’Ivoire. Avec tout ce ramdam.
Ah ! la hiérarchie de l’info, comme c’est édifiant … Or donc, qu’en est-il de Gbagbo, de Ouattara ? … Du pion de jadis et du pion de demain ? .. Car, c’est bien de cela dont il s’agit, n’est-ce pas ? .. De pions. That’s the point.
Oh ! je dois vous le dire, mauvais comme je suis, teigne, salopard, je me réjouis. Me voilà, aux anges. Même de la mort, peu me chaut. C’est que dites, Tunisie, Egypte, ça tangue, ça vacille, même que ça chie dans son froc.
Faut voir les tronches, six pieds de long, de large, qu’ils affichent, nos stratèges. Agitant, comme convenu, prévisibles qu’ils sont, la « menace » : l’is-la-mis-me … Non ? Vraiment ? … Je serais (presque) tenté de dire : et alors ? … On ne peut pas tout prévoir, n’est-ce pas ; voilà tout.
Oui, je suis hautement cynique, mais j’en suis l’enfanté ; du cynisme. Et d’ailleurs, j’en remets une couche : non, nous ne sommes pas tous des Tunisiens, pas plus des Egyptiens ou des Palestiniens, nous sommes, avant toute chose, nous autres occidentaux, les enfants (assis, courbés, bien obéissants) du cynisme. Faut-il l’être pour donner dans l’excursion aérienne de type touristique au-dessus d’un pays se soulevant … Voilà un signe qui ne trompe pas. Tout un symbole. Et dire que ce sont les mêmes qui nous assuraient vouloir « moraliser le capitalisme » .. Vous ne voyez pas le rapport ? Entre un jet privé – dont on se fout royalement, soi-dit en passant ; le point est ailleurs – et le merdier dans lequel nous voilà rendu ? … Pourtant, c’est du limpide. Ça crève les yeux …
… Reprenons le fameux : « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire » (donc on peut le survoler, voyez, en jet privé, quand bien même serait-il à feu et à sang).
Ça n’était point un effet de manche ou de style. L’esprit tout décati, bouffi, gâté, pourri, paresseux même, y aura vu comme un relent de la coloniale, comme du racisme épouvantable. Au minimum, une insupportable condescendance (ce qui est un fait, au demeurant).
Fallait pousser plus loin. Tant un terme se détachait. Posait problème, comme l’on dit. Et ce terme, c’était (et reste) : l’Histoire. Mais laquelle ? De quelle Histoire était-il question ? Qui en décide ? Qui l’impose ? … C’est gaudriolant mais il me semble que les Tunisiens (« A Qui Le Tour ? » fanfaronnait Libération considérant donc l’affaire comme un jeu – cynisme, toujours) et les Egyptiens viennent de répondre. A leur façon… Pour faire court, ils nous ont dit, peu ou prou :
« Allez vous faire foutre ! Vous et votre Histoire ! On n’en veut pas (plus) de votre Histoire ! Elle est pourrie, votre Histoire ! » …
… Et nul ne peut dire où ça « nous » conduira.
Oh, ça jacte, ça cause, ça rotative, et bla, et bla, et bla, entre ici Barbier, explique-nous donc comment elle va désormais se danser, l’Histoire ! Mais rien, ils n’en savent rien. Ni Barbier, ni Adler, ni Attali, ni personne. Nada ... Comment voulez-vous qu’ils voient (ou entravent) quelque chose, eux qui n’avaient déjà pas vu venir la « crise » ? Ni même, jadis, la Chute du Mur ? Ni rien. Zéro.
Pourtant, c’est comme pelote de laine qui se défait, lentement, mécanique quasi magnifique, logique, mathématique … Mais revenons à nos moutons. Lesdits pions.
Nous qu’avons la chance de vivre en belle démocratie, propre, irréprochable, nous sommes citoyens. Elisant maires, députés, présidents et tutti (Balkany compris). Ça est un progrès considérable, n’est-ce pas, d’avec la royauté, où nous n’étions que sujets, serfs et vassaux. Pauvres assujettis … On y a gagné. En épanouissement. Même qu’y a pas plus heureux et libres que nous autres au monde. Pas vrai ? ..
... Mais, dans une contrée (et comme elle est « nombreuse » !) où le dirigeant n’est autre qu’un pion (Gbagbo, Ben Ali, Moubarak, etc.) placé là par le Nouvel … l’ex-Nouvel Ordre Mondial, pour ne point contrarier la bonne marche en avant – L’Histoire, à vrai dire - dudit Ordre, son ultralibéralisme farouche, dévorant, jamais rassasié … dans ces contrées, comment appelle-t-on les … ? Qu’y a-t-il en dessous d’un pion, je veux dire ? Qui sont-ce ? … Vu d’avion, il semblerait que ça n’était pas grand-chose, proche du rien même, juste de la chair destinée, via le pion (s’engraissant), à entrer dans l’Histoire façonnée, organisée, salée et poivrée par un Système et un seul, le même pour tous mais au seul profit d’une poignée.
Poignée faisant et défaisant telle contrée, telle monnaie, tel régime, telle pensée, etc.
Une poignée téléportant (loin de chez elle) la guerre par-ci, le carnage par-là (aux noms de la liberté et de la démocratie, cela va de soi).
Monnayant et négociant via ses pions, processus de paix par-ci, processus de prout par-là.
Qui a été assez fou pour croire que cette Histoire, cette entourloupe de première, tiendrait la distance ?
Tant qu’il y avait des régimes communistes certifiés au carré, bien militaires, bien goulagant (même que ça nous donnait comme un côté humain, à nous autres, ceusses de l’Ouest ... nous qu’on aurait jamais fait un truc aussi dégueulasse, n’est-ce pas ?) ; oui, tant qu’y avait du bon gros communiste de compète (qui mange les enfants ..) pour faire mumuse avec l’Axe du Bien, ça usinait, mais dès lors qu’y a plus …
… Cet Ordre Mondial bankstérisé comme jamais, mais il s’est vu trop beau, le mignon ! Prenant, de plus en plus et aveuglément, la planète pour un Monopoly doublé d’un Stratego ... Mais quand le pion se fait bouter par la chair, puis un autre (« A Qui Le Tour ? » s’en amusent donc les rigolos) et que cette chair elle dit, on ne veut pas d’un autre de vos maudits pions, on veut la liberté, celle de choisir notre destinée, et votre Histoire, votre Système, votre Pensée, nous n’en voulons pas ! Que se passe-t-il ? … Oh ! Barbier, tu réponds-tu ?… Gaffe à la « menace », dis-tu, ainsi que tes congénères ... L’Islamisme ! … C’est une éventualité. Y’en a d’autres, ceci dit. Plus réjouissantes … Mais que veux-tu : « On ne fait pas d’omelette sans … » …
Fallait y penser avant. Voilà tout ... Idem pour la « crise » (du reste, y'a comme un lien ... Non ?)
Le pauvre, l’affamé, le « 1 dollar par jour » (soit la majorité peuplant cette planète) c’est une proie. Si cet Ordre Occidental avait eu pour but de réduire la pauvreté, par un système plus juste, plus humain, plus solidaire, t’aurais pas des problèmes en « misme », puisque pas (ou peu) de proie(s) .. Réjouis-toi, en attendant, que la Chine rachète ta dette.
Dieu sait (Ou Allah, si ça vous fait tellement plaisir – après tout, je comprends, il faut bien vendre du papier, et puis, la peur, c’est fédérateur) où la Révolte de la Chair (nous) conduira.
Toujours est-il que la prochaine présidentielle (oui « Retour en France ! » comme dit, à tout bout de champ, le présumé journaliste) sera, dans ce contexte, follement amusante ... Vrai, c’est toujours un plaisir d’avoir à choisir entre Pepsi et Coca. Si tant est que la marque soit, d’ici 15 mois, toujours bankable.
Allez savoir …