1973: on peut croiser Maria Schneider du côté de la rue des Minimes à Bruxelles lorsqu'elle se rend chez des amis. Un an auparavant, elle interprétait Jeanne dans le film de Bertolucci: "Le Dernier Tango à Paris". C'est l'après mai 68, l'époque où le féminisme explose, où la femme commence à s'exprimer en tant que telle, où elle est en train de briser les carcans dans lesquels elle est emprisonnée depuis des siècles, où elle peut enfin vivre une sexualité comme elle l'entend, où son corps lui appartient. Cette révolution, car il s'agit bien de cela, est historique.
En avalant leur pilule contraceptive tous les matins, les gamines d'aujourd'hui ne réalisent pas à quel point la sexualité des femmes était semée d'embûches avant 68.
Dans le film de Bertolucci, Maria Schneider est l'incarnation même de cette liberté. Le hasard de sa rencontre avec Paul, interpétré par l'excellent Marlon Brando, va mener les deux personnages vers une relation amoureuse exclusivement basée sur le sexe. Ils ne sauront, d'ailleurs, rien l'un de l'autre.
39 ans plus tard, on peut affirmer qu'une telle relation est presque monnaie courante. Le film force la réflexion sur l'acte sexuel et sur les couples. Les critiques de l'époque et le public se sont focalisés sur la scène dans laquelle le beurre n'est pas utilisé à des fins culinaires, or le film va bien au-delà de cette séquence qui a failli être classée X (En Italie, le film a été interdit).
Faisant partie du cinéma révolutionnaire italien de l'époque, Bertolucci est un grand réalisateur qui a été l'assistant d'un non moins grand: Pier Paolo Pasolini.
"Le Dernier Tango à Paris" est une oeuvre engagée et Maria Schneider, du haut de ses 19 ans, mi-hippie, mi-bourgeoise, y est sublime.