Quand la prétention et la suffisance fusionnent cela donne… Jacques Attali présentant son rapport "la libération de la croissance" au président de la République. On l’oublie un peu vite à la lecture de ce catalogue sans fin de mesures de comptoir, mais il fut un temps, pas si lointain, où l’ancien sherpa de François Mitterrand se disait de gauche (et soutenait Laurent Fabius, version gaucho, lors de la primaire du PS) et surtout était considéré comme l’un des plus brillants cerveaux de France.
Il faut croire que son ralliement à Nicolas Sarkozy lui a concomitamment faire fondre la matière grise et gonfler le melon. Pour s’en convaincre il suffit de lire son interview dans Le Monde. Sûr de lui, voir un poil imbu de son propre génie, Jacques Attali affirme sans détour qu’il "serait tragique de ne pas" appliquer ses 316 propositions. Voilà les politiques
prévenus !!! Et pour cause, son plan est parfait (bref à son image) puisqu’ "il est financièrement équilibré et peut être réalisé en respectant la baisse d'un point de la part des dépenses publiques dans le PIB" et qu’ "il conduira à des résultats très spectaculaires dès 2012 : au moins un point de croissance de plus, une réduction des deux tiers du chômage des jeunes, un taux de chômage global inférieur à 5 % et une réduction de la dette à moins de 55 % du PIB". Quand on pense que depuis 35 ans les politiques qui se sont succédés au pouvoir ont échoué à sauver la France, alors que pour cela il suffit d’appliquer 316 mesures, on se dit que soit ils y ont mis de la mauvaise volonté, soit Jacques Attali est un pur génie…et un visionnaire puisqu’il rappelle qu’il avait "dit dès octobre que nous étions menacés d'une crise du niveau de celle de 1929. On m'a ri au nez; mais nous y sommes". Il prévoit les problèmes avant le commun des mortels et possède la martingale pour relancer la croissance ; dommage qu’il soit trop modeste et se contente de la présidence d’une commission Théodule alors que c’est sans nul doute à l’Elysée que son talent s’exprimerait à sa juste valeur.
Bon prince, il se permet d’ailleurs de guider l'actuel locataire de l’Elysée en lui précisant que son "rapport est prêt à être mis en place, à être appliqué et pas à être mis à l'étude". Mais alors que Nicolas Sarkozy lui explique : "je veux dire que j'adhère à l'essentiel de vos conclusions, si certains ont été effrayés par le contenu de vos propositions, moi je les trouve plutôt raisonnables dans l'essentiel", mais en ayant l’outrecuidance de reconnaître : "j'assumerai quelques désaccords", Jacques Attali lui répond, en artiste offusqué qu’ "aucune des mesures qui est là ne se comprend et ne peut s'appliquer sans être faite dans un ensemble"…
Bah oui, c’est vrai ça, pour qui il se prend ce Nicolas Sarkozy pour oser défendre "le principe de précaution qui n'est pas un principe d'inaction" ou les département qui "ont la légitimité historique", alors que Jacques Attali vient de lui expliquer qu’il fallait les jeter dans les poubelles de l’Histoire ???
Que c’est dur d’être un génie incompris…