L'identité nationale, mon village et moi (chapitre 4 : mon poisson du Mali)

Cl. I. Rambaud
En fait de village, cette fois, ce sera mon bureau, petit village en soi, où je passe beaucoup de temps, que j'aime beaucoup et où, comme dans un village, il passe beaucoup de monde. Un monde en petit.A la soirée, ce monde est différent, les frontières changent et ma planète s'élargit. La femme de ménage arrive avec son charriot de produits, je devrais dire son char à produits tant elle est reine à pousser les poubelles, le balai, les chiffonnettes et les flacons colorés.Ces reines changent souvent : j'ai connu Rosa la malienne, Seghira l'algérienne, Zohra la tunisienne... Toujours des femmes. Toujours d'ailleurs.
Quand Rosa est partie, elle m'a laissé un poisson en bois de chez elle, en bois sombre comme sa peau. Il me rappelle son sourire éclatant, ses gestes amples pour essuyer le bureau.
Les autres, qui lui ont succédé, ont eu le même entrain malgré les nombreux enfants à la maison, les longs trajets, les gestes qui plient le corps.
Elles ne restent jamais longtemps, font vite ce qu'elles ont à faire et repartent  dans les autres bureaux, avec le Mali, l'Algérie, la Tunisie, leurs problèmes de tous les jours en France et me laissent leurs sourires à l'heure où je n'en ai plus beaucoup.
A cette heure là, le monde est dans mon village : mon poisson du Mali fait tomber les murs et s'en va nager ailleurs.Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !