Certes, l'ancien président de la République française est un homme qui prend de l'âge, qui est sourd et qui a du mal à marcher, mais il en reste pas moins qu'il a, au cours de son cursus politique, commis des fautes graves. Avoir servi son pays n'absout pas. On ne peut pas se permettre de faire n'importe quoi sous prétexte d'avoir été président.
Ce qui me choque dans cette histoire c'est que des voix s'élèvent pour défendre ce vieux monsieur, sous prétexte qu'il a pris sa retraite politique. Non, Jacques Chirac n'est pas à la retraite, il siège au Conseil constitutionnel et est indemnisé grassement pour ça (550000 euros par an je crois). Nicolas Sarkozy lui demande même conseil à l'occasion de déjeuners privés, c'est vous dire les risques encourus. Il siège donc à un conseil qui prend des décisions importantes. Il faut donc avoir toutes ces facultés pour ne pas faire d'erreur et changer la vie de millions de français. S'il est capable d'y siéger, il est donc encore capable de se présenter à un procès et donner au juge sa version des faits. Par une entourloupe avec la mairie de Paris, il s'est déjà débarrassé du problème des emplois fictifs et j'ai bien peur que par un bulletin de santé alarmiste, il soit relaxé.
Ce qui arrive à Jacques Chirac est un symptôme de notre société. Les politiques agissent impunément et lorsqu'arrive le jour où il faut rendre des comptes, tout le monde prend pitié et demande à ce qu'il soit laissé en paix. Mais ce n'est pas parce qu'ils se servent tous dans les caisses, qu'ils profitent tous des largesses d'une Bettencourt ou qu'ils prennent l'avion d'un spolieur, qu'il faut laisser courir.
Quand une mère de famille vole deux biftecks pour nourrir ses enfants, elle prend trois mois de prison ferme et tout le monde s'en fout. Mais quand un président, un membre du gouvernement, un parlementaire ou un élu détourne des centaines de milliers voire même des millions, il est intouchable, les électeurs votent à nouveau pour lui d'ailleurs ! Ils auraient tort de s'en priver c'est sûr.
Cette situation donne une société individualiste où chacun se dit qu'étant donné que l'on peut rien faire contre les puissants, autant penser à sa pomme et essayer d'en tirer quelque chose. Alors, on voit ça et là des agents qui détournent de l'argent, des policiers qui rackettent, un Muselin qui s'empare de millions d'euros. Bref, les petits veulent faire comme les grands sauf que les petits n'ont pas les mêmes protections et amis que les grands.
Il faut bien comprendre que pour qu'un politique fasse carrière et grimpe haut, il doit s'acoquiner avec un grand patron, un actionnaire puissant ou un financier influent. Sans cet appui, il ne peut rien faire. Nos politiques ont les pieds et poings liés. Je ne reviendrai pas sur l'affaire Woerth-Bettencourt qui en est un malheureux exemple. A droite, comme à gauche, ils ne peuvent rien faire contre les puissants et les lobbies car tout ce petit monde représente non seulement des voix dans les urnes mais aussi des financements de partis, qu'ils soient légales ou dans des enveloppes en papier kraft. Essayer de combattre ce système c'est s'opposer d'avance à un mur en béton armé. Et comme ils le savent bien, ils continuent leurs petits trafics : baisse de charges patronales, paradis fiscaux, suppression de l'impôt sur la fortune, bouclier fiscal. Tous ces milliards qui pourraient largement combler les trous du budget de l'Etat et de la Sécurité sociale.
C'est à vous dégoûter d'être un honnête citoyen.