Dans les grandes lignes, tous ces volumes s’organisaient de la même manière : d’abord une brève présentation de l’univers du récit agrémenté de quelques illustrations, puis un ensemble de planches en couleurs pour introduire les personnages principaux juste avant une autre série de pages elles aussi colorisées qui donnaient un aperçu des engins et véhicules importants ; ces informations se voyaient ensuite reprises en détails dans des pages en noir et blanc qui représentaient la plus grande partie du tome.
En somme, ces
Bibles n’étaient rien d’autre que des
artbooks « light » puisqu’on y trouvait à peu près les mêmes informations que dans des ouvrages plus conséquents et de plus grande taille – mis à part les interviews de réalisateurs ou de designers, ainsi que des informations de production – mais en format réduit. Pourtant, il y avait néanmoins une différence de taille avec l’
artbook standard : une
Bible ne s’arrêtaient pas à un titre mais englobaient l’ensemble des productions liées à ce titre, telles que les spin off.
Par exemple, le tout premier volume de la série ne se concentrait pas uniquement sur
Mobile Suit Gundam (
Yoshiyuki Tomino ; 1979) mais présentait aussi les nombreux designs développés pour la ligne de maquettes et de jouets
Mobile Suit Variation ainsi que les
mechas de l’
OVA alors récente
Mobile Suit Gundam 0080: War in the Pocket (
Fumihiko Takayama ; 1989). Une
Bible était donc l’occasion d’approcher une œuvre dans sa globalité et non juste un titre isolé, ce qui permettait ainsi au lecteur de mieux en cerner le propos général.
S’il va de soi que le but implicite d’une telle collection était de garder vivace l’éclat de productions anciennes à l’aune d’autres plus récentes, et ceci afin de maintenir un niveau de ventes satisfaisant, il n’en reste pas moins que la synthèse qu’effectuait un volume de cette série participa beaucoup au succès de ces
Bibles auprès du public. Et notamment ceux qui n’avaient pu se procurer les premières éditions des
artbooks officiels d’une production : une
Bible permettait donc, entre autre, de rééditer à moindre coût…
Mais ces ouvrages ne se consacraient pas qu’aux œuvres de science-fiction et de
mechas, car certains volumes se penchaient sur la série de films
kaijû des
Godzilla et ses nombreuses suites, ou bien sur l’univers fantastique de
Devilman, le fameux personnage démoniaque créé par
Go Nagai au début des années 70. Chose assez inhabituelle, certains tomes se consacraient même à des productions non japonaises : ce fut le cas notamment de la fameuse série TV d’animation britannique
Les Sentinelles de l’air (
Thunderbirds ; 1965-1966).
Sous bien des aspects, les
Entertainment Bibles constituaient, et restent encore de nos jours, une excellente porte d’entrée vers l’ensemble de l’imaginaire de la culture populaire japonaise, ce autour de quoi il s’est formé puis solidifié ; dans ce sens, cette collection prend presque une valeur de témoignage : à travers ses tomes, on peut distinguer les racines principales des productions actuelles de l’archipel dans les registres du fantastique, de la
fantasy et de la science-fiction – soit une dimension historique inestimable.
Tout le problème étant, hélas, que cette collection se trouve depuis longtemps épuisée et que les exemplaires de ses numéros se négocient donc à des prix parfois très élevés… De sorte que s’il vous arrive d’en croiser un, vous serez certainement bien inspiré de l’acquérir : outre l’aspect « culturel » de l’ouvrage, vous pourrez toujours le revendre bien plus cher que ce qu’il vous a couté.