Magazine Cinéma
La Nouvelle Eve
25, rue Fontaine
75009 Paris
Tel : 08 20 20 90 92
Métro : Blanche / Pigalle
Spectacle conçu et interprété par Judith Rémy, Prunella Rivière, Elise Roche, Delphine Simon
Mis en scène de Patrick Haudecoeur
A la guitare, Dan Panama ou Benoît Simon
Aux percussions, Guillaume Lantonnet
Arrangements de Fred Pallem
Costumes de Carole Gérard
Décor de Christel Lefèbvre
Ma note : 7/10
Le spectacle : Elles sont absurdes. Déraisonnables. Démentes. Détraquées, même ! Mais qu’elles sont drôles ! Pour leur nouveau spectacle, Les Sea Girls sont absolument restées fidèles à elles-mêmes… en pire. Craignant que la fin du monde ne soit trop proche, elles s’adaptent et comptent bien en profiter.
Si la chanson est au cœur du spectacle, elles s’adonnent aussi à d’étranges rituels. C’est le grand esprit du music-hall qui les guide. Les Sea Girls se rêvent meneuses de revue. Leurs costumes s’épluchent, s’échangent ou rétrécissent… Les Sea Girls consomment définitivement l’existence avec jubilation, sans aucune modération, mais avec un grand sens pratique.
Mon avis : C’est toujours un grand bonheur que de retrouver Les Sea Girls sur une scène. Dans leur cadre familier de La Nouvelle Eve, elles nous présentent leur tout nouveau spectacle, bizarrement baptisé « Les Sea Girls fêtent la fin du monde ». C’est suffisamment incongru et décalé pour que l’on sache à quoi s’en tenir. Décidément, ces quatre donzelles sont définitivement barrées. Et très loin. Barrées, certes, mais également classieuses et hyper professionnelles ainsi qu’en témoigne leur formidable entrée en scène pour laquelle elles arborent de magnifiques tenues.
Après cette première chanson qui sert en quelque sorte d’exposition, c’est parti pour un patchwork de tableaux toniques et burlesques, truffé d’une foultitude d’astuces de mise en scène, de bruitages, de postures délirantes, de grimaces, de chorégraphies improbables, de chutes, de crêpages de chignon, de détournements, de parodies et même de tours de magie assez lamentables. Elles ne reculent devant aucune audace, devant aucune provocation. Le ridicule, elles s’en tapent comme de leur première brassière. Ce sont des jusqu’au-boutistes de la fantaisie la plus débridée, d’espiègles adeptes de la déconne buissonnière.
Leur spectacle est un feu d’artifices permanent. Chaque numéro est un véritable sketch. Les univers musicaux sont variés : la country, la chanson a cappella, le flamenco, le rock, le swing, le boléro, la musique orientale… Elles nous emmènent dans leur trépidant voyage à la découverte de contrées qu’elles peignent à leur façon : le Far-West, l’Espagne, le Japon, Acapulco, la Laponie… Les variations de température, elles s’en tapent car elles sont constamment en jet lag. Elles déploient leurs armes et leurs charmes, se lancent dans des chorégraphies frénétiques, s’offrent un instant une parenthèse au romantisme approximatif, démolissent les contes de fée, se mettent à piailler des hispaniolades, se métamorphosent en infirmières (bonjour le fantasme !), elles jouent du popotin, se font lascives et sensuelles, passent sans transition de la pin-up à la gourdasse, de la poésie au sordide, rendent hommage aux Andrew Sisters, nous entraînent dans une pathétique scène de balloche, nous posent un lapin à faire couiner de jalousie Chantal Goya… J’en passe et des pires.
En tout cas, on ne peut pas leur reprocher de jouer petit bras. Elles ne ménagent pas leur peine. Pour parvenir à un tel degré de drôlerie, il faut énormément bosser. Sous la houlette du facétieux Patrick Haudecoeur, Les Sea Girls ont gagné en rigueur et en efficacité. Mais peut-être au détriment cette spontanéité un peu gauche qui m’avait tant séduit lors de leur premier spectacle ; spectacle qui m’a laissé un souvenir inoubliable. Peut-être aussi parce qu’il avait ce charme de la première fois... Et puis je n'aime pas trop leur ultime chanson sur les prénoms. Je l'ai trouvée un peu facile. Elles méritent mieux en matière de bouquet final.
Je ne peux donc que vous recommander d’aller vérifier par vous-même ce qui se passe sur la scène de La Nouvelle Eve. Il faut voir Les Sea Girls au moins une fois dans sa vie.