Il était temps, grand temps ,que la magistrature dans son ensemble ne laisse pas les spécialistes de la politique du bouc émissaire, qui permet de racoler les voix de l’extrême droite, penser que les meurtres les plus horribles seraient le fait d’une profession excessivement laxiste, alors qu’on la laisse tomber depuis si longtemps pour une politique de petit comptable sans envergure et sans vision d’avenir pour le pays.
J’espère sincèrement que la grève qui se développe fortement dans les métiers de la justice en réactions aux propos insensés et récurrents du chefaillon qui nous gouverne, toujours prompt à faire de la politique spectacle sous le coup de l’émotion en se servant des pires faits divers pour servir les bas instincts répressifs qui lui permettent de racler les fonds électoraux les plus primaires, perdurera au point de jeter le trouble dans l’opinion sur les objectifs recherchés par le pouvoir en place.
Il faut avoir une sacré dose de vilénie intellectuelle pour oser chercher des coupables dans une profession que l’on délaisse depuis si longtemps, alors que les responsabilités indirectes des meurtres produits par les multi récidivistes trouvent leur fondement dans les choix politiques de l’Etat qui cherche aujourd’hui des coupables pour cacher ses propres incuries.
Combien de dossiers qui s’entassent par manque de moyens pour les traiter, combien de personnels manquant pour contrôler les fins de peine nécessitant un suivi médical individuel ?
Au lieu de cela, il est tellement plus facile de prôner la répression en promulguant une loi de plus qui n’apportera aucune solution autre qu’un durcissement de l’emprisonnement, engorgeant un peu plus les prisons, mais ne réglant en aucune façon la réinsertion en fin de peine.
La justice républicaine, si républicaine, représentante des droits des individus dans notre société démocratique, qui nous permet de vivre ensemble, mérite-t-elle à ce point si peu de considération ? Doit-elle, elle aussi, subir le cantonnement du raisonnement libéral dans une politique du chiffre qui réduit toujours plus les moyens alors que la société, toujours plus violente par l’exclusion qu’elle produit, voit la délinquance croitre sans cesse ?
Le combat des magistrats est celui du respect du travail de ceux qui défendent au mieux les valeurs de l’homme, en faisant fi des considérations économiques, voilà pourquoi il devient la cible de ceux pour qui la philanthropie n’est pas une valeur qui compte. Laisser croire que les magistrats n’auraient que pour objectif de préserver leurs privilèges (on voudrait bien connaitre lesquels ?), alors que leur rôle consiste justement à protéger la société contre ses tendances répressives primaires qui concentrent les haines pour mieux les accentuer dans un engrenage sans fin, est tout sauf un raisonnement honnête et désinteressé oeuvrant pour le bien commun.
Le combat des magistrats est le nôtre, celui d’une société basée sur le respect de l’autre et non sur celle d’une accusation perpétuelle où il faudrait trouver le coupable que l’on a contribué à démunir. Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage. C’est exactement la politique menée actuellement par la Sarkozie envers la justice.
Un juste retour de bâton (nier) envers ceux qui jouent avec le feu de l’émotion immédiate ne serait pas pour me déplaire…