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La méthode alphabétique, pourquoi ?, par Magali Gaubert

Publié le 07 février 2011 par Veille-Education

Institutrice au CP pendant 5 années, j’ai d’abord enseigné avec des méthodes mixtes, parce les informations dont je disposais sur le CP (IUFM, maître-formateur, conseillers pédagogiques, livres de pédagogie) présentaient la méthode mixte comme seule méthode possible, puis utilisé une méthode alphabétique.

1/ Quatre anecdotes, pour entrer en matière

Première expérience
C’est une classe de CE2. Aux évaluations nationales, à la compétence « comprendre une consigne », la classe a obtenu 10 %. Le CP s’est très mal passé, et leur enseignante de CP, qui débutait sur ce niveau, avec le manuel Abracadalire, les jugeait intenables. Leur enseignante de CE1, débutante sur ce niveau, découvre, en début d’année, qu’une partie de la classe déchiffre encore très mal. Quand je les prends en charge au CE2, leur présenter un texte de lecture suffit à déclencher tension et agitation. Un tiers de la classe a beaucoup de mal, ou ne peut pas du tout se mettre à lire : leurs yeux glissent sur le papier, comme si on leur présentait du chinois, ils ne peuvent pas lire plus de deux lignes sans détourner la tête, s’agiter et chercher une autre « activité » telle que bavardages, gribouillages…. Si le texte dépasse 10 lignes, ils sont effarés par une telle quantité, et protestent avec véhémence. J’incrimine d’abord leur manque de motivation, la télévision, leur éducation, le niveau socio-culturel des parents… Mais, au fil des semaines, la vérité se fait jour : ces élèves ne lisent pas… parce qu’ils ne savent toujours pas lire, ou très mal, et le simple déchiffrage leur demande un tel effort qu’un texte de plus de 5 lignes ou 10 lignes leur est inaccessible. Quand ils lisent à l’oral, ils butent sur les mots un peu longs, compliqués, ils devinent les mots d’après le début du mot, ils confondent b et d, tour et trou, pir et pri, etc. Ils mélangent tout au bout de 10 lignes. Quand il y a des questions de lecture, ils lisent d’abord les questions, péniblement, et pour y répondre, cherchent dans le texte qu’ils n’ont pas lu, les mêmes mots que ceux des questions, au petit bonheur la chance, et recopient la première phrase trouvée qui a le même mot que la question, tout cela sans avoir lu le texte.
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