Interview d’Alexis Laipsker (PokerStars): “Le marché français est une sorte de laboratoire”

Publié le 07 février 2011 par Tournoispoker

Alexis Laipsker, directeur de la communication de PokerStars, affirme: “Nous n’avons jamais cessé d’être leader et confortons notre avance”, dans cette interview exclusive accordée à IGA Magazine numéro 8, qui vient tout juste de sortir.

Ancien journaliste, Alexis Laipsker a été, entre autres, le rédacteur en chef du magazine Poker VIP pendant plus de trois ans. Auteur de centaines d’articles consacrés au poker dans des magazines “grand public”, il est également l’auteur du livre Les Clés du Poker Gagnant, qui a connu un réel succès. Commentateur et animateur télé, il a été nommé directeur de la communication de PokerStars il y a quelques mois…

Depuis l’ouverture du marché du poker en ligne en France, PokerStars s’est imposé comme leader. Est-ce avant tout la notoriété internationale de la marque qui vous a permis de devenir numéro 1?

PokerStars peut s’appuyer sur 10 ans d’expérience et 25 milliards de mains distribuées! Il est clair que c’est un avantage considérable. Le logiciel est tout simplement le meilleur et le plus sûr du marché et PokerStars.fr en tire forcément les bénéfices. Maintenant, je pense aussi que nous avons été capables de nous adapter aux spécificités du marché français. Le choix d’avoir des ambassadeurs venus du sport comme Sébastien Chabal et Gaël Monfils nous a donné notre propre identité.

Vous dirigez la communication de PokerStars en France. Quels sont les axes majeurs de votre stratégie? Et comment va-t-elle évoluer dans les mois qui viennent?

La première phase de notre stratégie a été de faire connaître la marque PokerStars dans un contexte d’ouverture du marché. Nous nous sommes adressés à un public très large, nous devions donc nous présenter. Maintenant que cette étape est passée et que l’on s’adresse à un public plus mature et averti, nous communiquons davantage sur nos promotions, nos tournois, nos joueurs. Notre angle est de communiquer auprès de tous les profils: novices ou pros, nous n’oublions personne.

En quoi PokerStars France est-il différent du PokerStars “original”? Qu’est-ce que vous avez apporté, qui pourrait être repris dans le reste du monde?

C’est une question intéressante parce que, précisément, nos actions sont observées attentivement. Le marché français, par sa spécificité, est une sorte de “laboratoire” et ce que nous entreprenons peut servir d’exemple pour d’autres marchés qui seraient sur le point d’être régulés. Contrairement à certains de nos concurrents, PokerStars a toujours eu beaucoup d’intérêt pour la France et l’a démontré à maintes reprises. Soyons francs, nous n’avons certainement pas réinventé PokerStars, ce qui aurait d’ailleurs été stupide. Mais nous avons su inventer de nouveaux concepts. Par exemple, nos émissions de télé sont uniques et elles commencent à être reprises à l’étranger. Cela dit, il est encore trop tôt pour tirer un bilan des actions qui pourraient être reprises ailleurs. Il nous faudra davantage de recul.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris depuis l’ouverture du marché légal en France? En bien et en mal?

On ne peut pas dire que l’on ait été surpris, mais l’herméticité du marché et la fiscalité posent de gros problèmes. Nous tentons d’oeuvrer pour que la législation évolue, nous espérons être entendus. Mais ne restons pas sur cette note négative, pour PokerStars.fr la réussite est au rendez-vous et c’est évidemment ce que nous retiendrons.

Les trois leaders du marché du poker en ligne en France, Winamax, Everest et vous, êtes des “pure players”, ne proposant que du poker. Est-ce primordial pour s’imposer sur ce marché?

J’en suis convaincu. Le poker est un métier à part entière, pour y exceller, il faut s’y consacrer pleinement. Je suis d’ailleurs toujours surpris de cet amalgame qui consiste à mettre les joueurs de poker dans la même catégorie que les parieurs et les amateurs de jeux de hasard. Cela n’a rien à voir, les joueurs de poker le savent.

Winamax, le numéro 2 du marché, semble en passe de vous rattraper… Comment faites-vous pour conforter votre place de leader? Vous sera-t-il facile de le rester?

PokerStars.fr ne cesse de conforter son avance. Les chiffres récents le démontrent. Nous n’avons jamais cessé d’être leaders alors même que certains de nos concurrents n’ont pas ménagé leurs efforts pour tenter de nous rattraper. Aujourd’hui, ils s’essoufflent un peu. Être leader, cela ne s’achète pas, cela se mérite. Mais, vous avez raison, il faut être vigilant.Voilà pourquoi nous ne  cessons de proposer de nouvelles promotions à nos joueurs. La semaine dernière, nous lancions 5 nouveaux tournois réguliers, dans le même temps, nous proposions de battre le record de France du plus grand tournoi; aujourd’hui nous proposons des qualifications pour l’EPT Deauville, plus tard ce sera pour la finale des FPS, sans parler des émissions de télé… Il se passe toujours quelque chose sur PokerStars! Pour nos concurrents, ce rythme-là n’est pas facile à suivre.

Votre budget communication est colossal et PokerStars est omniprésent à la télévision. Certaines émissions sont considérées comme de qualité, d’autres beaucoup moins. Pour vous, la télé-réalité, de type Maison du bluff est une manière d’attirer de nouveaux joueurs?

Bien que leader, PokerStars n’est pas le plus gros investisseur en matière de dépense télé, loin s’en faut. Mais, pour répondre à votre question, oui, la Maison du Bluff a permis de recruter de nouveaux joueurs. Avec les retransmissions de l’EPT ou du Big Game, nous contentons des gens qui sont déjà connaisseurs, alors qu’avec la Maison du Bluff, nous mettons le poker à la portée de tous, nous initions, nous éduquons.

Ne pensez-vous pas que les plus “trash” des programmes peuvent avoir, à moyen et long terme, des effets négatifs sur l’image de PokerStars?

Je suis toujours très étonné que l’on qualifie de “trash” une émission qui ne l’était pas. C’est le mélange de téléréalité et de poker qui a surpris, mais sinon, à l’intérieur de l’émission, il n’y a pas vraiment matière à scandale. Je pense au contraire que cette émission a permis de se débarrasser de pas mal de clichés sur le poker en présentant des jeunes gens sains, bien dans leur peau, passionnés de poker. Après, forcément, ceux qui n’apprécient pas la téléréalité pouvaient difficilement aimer ce programme, mais il a tout de même attiré plus d’un million de téléspectateurs chaque semaine!

Alexandre Balkany, le patron de PokerStars France, est également le producteur des émissions que vous présentez. N’est-ce pas un mélange des genres parfois un peu délicat, qui vous empêche d’avoir du recul?

Il est vrai que nous devons veiller à rester objectifs. Mais je crois que la proximité que vous évoquez nous permet de bien savoir de quoi nous parlons. C’est parce que nous connaissons bien les joueurs que nous pouvons leur proposer des programmes adaptés, et réciproquement. Le succès de nos programmes télé et les excellentes retombées qu’elles ont sur PokerStars.fr en attestent. Par ailleurs, n’oublions pas que Alexandre Balkany a été PDG de Kawa Production bien avant de devenir DG de PokerStars France, il a donc tout le recul nécessaire.

Quelle est l’ambiance au sein de l’équipe dirigeante de PokerStars France? On sent que vous tenez à éviter toute forme de polémique, de peur de voir votre image et celle du secteur se ternir…

Je suis assez surpris par votre ressenti, car l’ambiance chez PokerStars est vraiment excellente. Je dirais même que c’est l’un des points forts de cette entreprise. Pour l’anecdote, lorsqu’Alexandre Balkany m’a recruté, la première chose dont il m’a parlé – avant même d’évoquer la rémunération, ma mission, etc. – c’était l’ambiance. Je crois que c’est une chose à laquelle il est très attaché. Il veut être entouré de gens ultramotivés et qui s’entendent bien. Sur bien des points, PokerStars est avant tout une aventure humaine. Je suis très fier d’en faire partie. Sinon, je ne crois pas qu’il y ait matière à polémiquer même à propos de l’ouverture du marché. Nous avons dit ce que nous avions à dire, notamment que nous plaidons pour une ouverture de nos frontières, pour l’arrivée de nouvelles variantes et pour une baisse de la fiscalité.

Vous étiez journaliste. Votre nouveau métier n’est-il pas parfois à la source de quelques frustrations?

C’est assez amusant d’être de l’autre côté. Ma seule frustration est de ne plus écrire! Sinon, mon expérience de journaliste me permet d’être rapidement en phase avec mes interlocuteurs. Je connais leurs attentes, je sais où ils veulent en venir et ce qu’ils veulent de moi. Nous allons droit à l’essentiel, tout le monde y gagne en clarté et en temps.

Quel est le budget lobbying de PokerStars France? Le journal Libération mettait récemment en cause les opérateurs, qui dépensent des sommes records pour influencer les politiques. Cela est-il normal et sain?

Il n’y a jamais eu de lobbying chez PokerStars. Nous avons plaidé pour une liquidité internationale, nous n’avons pas été écoutés. Nous avons souhaité que les autres variantes que le Texas Hold’em puissent être jouées, nous n’avons pas été écoutés… Pour en arriver là, heureusement que nous n’avons pas dépensé un centime! En revanche, comme tous les opérateurs, nous avons été consultés lors du processus d’élaboration de la loi. Pour ce qui est des sommes énormes engagées pour influencer les politiques, non, ce n’est ni normal ni sain à mon avis.

PokerStars France gagne-t-il déjà de l’argent? Ou devrez-vous attendre l’évolution de la loi pour devenir bénéficiaire?

La rentabilité des sites de poker est plus problématique qu’on le pense généralement. La fiscalité est extrêmement lourde et elle pèse vraiment durement sur nos comptes. Cela plombe certains de nos investissements. Et encore, PokerStars.fr s’en sort bien, car pour certains concurrents la situation est compliquée. Nous attendons vraiment un geste des pouvoirs publics en la matière.

Quels sont vos projets pour les mois qui viennent? Quels sont les objectifs de PokerStars pour 2011?

Nous avons un énorme projet sur lequel nous communiquerons très bientôt et qui va être lourd de conséquences sur le poker en ligne. Notre objectif pour 2011 est évidemment de conserver et même de conforter notre position de leader. Nous savons que cela se fera en proposant continuellement de nouveaux produits.

Propos recueillis par Julien Saint-Guillaume
IGA Magazine


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