Difficile de monter de grands projets en France sans rentrer dans les critères télévisuels classiques. Le premier Largo Winch avait été une belle surprise, casting et intrigue internationale, vraie adaptation de la BD et un rythme haletant de bout en bout. Un premier opus au succès public et semi-critique, qui sans briller avait quelque peu rassuré sur les possibilités de blockbuster à la française. Une suite était donc attendue et mise en chantier très rapidement.
Et dans ce deuxième chapitre du Largo version grand écran, l’héritier vagabond est désormais à la tête de l’empire économique de son défunt père. Pas capitaliste pour un sou, il décide de revendre la société pour créer une fondation humanitaire. Juste le moment où le Tribunal Pénal international décide de lancer une enquête sur de sombres agissements de la Winch Company, auxquels Largo aurait été impliqué. Intrigue multiple et structuré pour ce 2e opus, où le personnage principal plonge de nouveau dans son passé pour résoudre ces problèmes du moment. Et cette fois ci, direction l’Asie (destination inspirée de deux albums, La Forteresse De Makiling et L’Heure du Tigre, dont pas grand chose n’est retenu si ce n’est l’exotisme des lieux), et la Birmanie. L’occasion d’évoquer, rapidement, le sort des minorités ethniques, et de renforcer le côté solitaire de Largo, qui aura passé quelques temps dans une tribu, pour mieux s’oublier du monde extérieur. Jusqu’à croiser la guerre, et un certain Simon Ovronnaz.
Démarrant sur les chapeaux de roue par une séquence d’ouverture rythmée et gourmande (sans doute la scène d’action du film), ce deuxième film annonce la couleur. Moins de blabla financier, un peu plus de famille, et quelques belles scènes coups de poings censées dynamiser l’ensemble. Mélange hybride entre une maturité soudaine et film pop corn classique, Largo Winch 2 joue sur les deux tableaux sans trop savoir quoi choisir. L’apport de Sharon Stone ou Laurent Terzieff est un réel plus, confirmant la volonté d’ouverture du film. Mais à ne trop savoir sur quel pied danser, Largo s’oublie quelque peu, et oublie d’accélérer l’ensemble de l’histoire, perdant un peu le spectateur. Créant quasiment une nouvelle mythologie, les deux auteurs ont voulus vraisemblablement faire accéder leur personnage à l’âge adulte, noble intention qui créée un film sombre et complexe, malheureusement desservi par quelques comédiens un peu au-dessous du niveau général (on aime beaucoup Olivier Barthelemy, mais il fait un peu potiche ici…).
Largo, un blockbuster intelligent à la française, reste ceci dit largement au-dessus de la moyenne, avec notamment une lumière splendide et un dépaysement total, mais se cherche visiblement encore un peu. A trop vouloir forcer l’évolution du personnage, on aura oublié de s’amuser. Mais si un 3e film voyait le jour, on pourrait enfin voir le vrai Largo, celui de cinéma, se dévoiler en plein jour et vivre de nouvelles aventures exotiques.
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