Dessinateur : Jason
Scénariste : Jason
Parution : Mars 2003
Jason est un auteur de bandes-dessinées norvégien. Dans « Dis-moi quelque chose », il nous raconte l’histoire d’un poète, amoureux d’une jeune bourgeoise. Evidemment, le père ne voit pas cette union d’un très bon œil… Et c’est sans compter sur ce gangster qui tourne également autour de la jeune femme.
« Dis-moi quelque chose » porte plutôt bien son nom car il n’y a absolument aucun dialogue dans cette BD ! C’est une habitude chez cet auteur qui a publié d’autres albums du même genre. Toute l’histoire passe donc par le dessin, la mise en scène et les codes de la BD. (seules deux cases auront des dialogues, façon film muet). L’histoire se résume donc à une succession d’actions que l’on devra mettre dans l’ordre car il y a de nombreux flashbacks. Ceux-ci sont notifiés par des fonds de pages noires (blancs pour le présent). A cela, il n’hésite pas à ajouter un rêve en plein flashback afin de nous embrouiller un petit peu plus… Il va sans dire qu’une deuxième lecture est nécessaire pour bien appréhender l’histoire, qui se révèle finalement très classique. Mais comme il n’y a pas de dialogues le tout se lit très vite et peut se relire rapidement.
Le dessin est anthropomorphique est très dépouillé. Couplé au noir et blanc, cela donne un dessin pas toujours très agréable, voire froid. Les personnages ne parlent pas, mais ils ne sont pas expressifs pour autant. De plus, toutes les cases sont carrées, ce qui ajoute à la froideur de l’ensemble.
Mes propos peuvent paraître particulièrement négatifs, mais ce livre n’est pas inintéressant pour autant. Il faut le prendre comme un exercice de style. Le titre, « Dis-moi quelque chose », va dans ce sens. On peut donc y voir une utilisation jusqu’au-boutiste des procédés narratifs de la BD par le trait. L’étonnement est un chapeau qui saute, l’ébriété une spirale, la peur des gouttes d’eau, le rêve une bulle type nuage… Cependant, il ne faut pas oublier que certains exercices de style, même en BD, peuvent se révéler bien plus agréables à la lecture (les travaux de Trondheim en sont un exemple).
Au final, cette BD a un intérêt avant tout comme exercice de style. De là à dire qu’elle a sa place dans ma bibliothèque, il y a un pas que je ne franchirai pas. La froideur de dessin couplé à une lecture peut évidente risque de rebuter nombre de lecteurs…
par Belzaran
Note : 11/20